A PARTIR du 28 JUILLET, ON PEUT ENFIN TRAVAILLER POUR SOI ! par Marie Visot

28 juillet, jour de «libération fiscale» pour les salaries français.

Alors que le taux d'imposition réel du salarié moyen atteint 45,27% en moyenne dans l'Union européenne, il bondit à 57,17% en France.

INFOGRAPHIE – En un an, ils ont dû travailler deux jours de plus pour financer les dépenses publiques du pays.

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Les Français seront probablement soulagés – ou furieux selon leur humeur – d’apprendre que depuis le début de cette semaine ils ne travaillent plus pour l’État. Ce lundi, en effet, marque le premier jour de l’année où leur production ne part pas en impôts et charges. L’an dernier, le salarié moyen a travaillé jusqu’au vendredi 26 juillet pour financer les dépenses publiques ; cette année, il lui a fallu «donner» deux jours de plus, jusqu’au 28 juillet, selon l’Institut Molinari (un think-tank libéral basé à Bruxelles), qui vient de publier son étude annuelle sur le «jour de libération fiscale».

Certes, comme le rappelle cette étude, «un grand nombre de pays de l’Union européenne ont tenté de rééquilibrer leurs comptes publics en augmentant la fiscalité pesant sur les employeurs et les ménages». Mais, alors que le taux d’imposition réel du salarié moyen atteint 45,27 % en moyenne dans l’Union européenne, il bondit à 57,17 % en France. Seule la Belgique fait pire, à 59,6 %. Suivent ensuite l’Autriche, la Hongrie, la Grèce, l’Allemagne.

Le classement 2014 montre que le salarié français est en théorie parmi les mieux payés de l’UE. Son employeur débourse en effet 55.314 euros. Mais il est particulièrement fiscalisé, avec 31.622 euros de charges, impôt sur le revenu et TVA. Il ne reste in fine au salarié moyen que 23.692 euros, «ce qui le met au 10e rang de pouvoir d’achat réel».

La pression fiscale et sociale française ayant continué d’augmenter en 2014, «en dépit des appels répétés à la pause fiscale», l’employeur français doit désormais débourser 233 euros pour que son salarié moyen dispose de 100 euros de pouvoir d’achat. C’est 3 euros de plus qu’en 2013. Ces chiffres apportent «un éclairage sur les crispations françaises avec, d’une part, des employeurs inquiets de l’envolée du coût du travail et, d’autre part, des salariés ayant parfois l’impression d’être des laissés pour compte», notent les auteurs de l’étude.

Dérapage des comptes publics

L’importance des prélèvements obligatoires pesant sur le salarié français pourrait s’expliquer par une gestion plus rigoureuse des finances publiques… Or, comme le souligne l’étude, «ce n’est malheureusement pas le cas»: la France continue de présenter le «double inconvénient» de figurer à la fois «dans la catégorie des pays les plus fiscalisés, mais aussi dans la catégorie des pays enregistrant les plus forts dérapages des comptes publics l’an passé». Et d’enfoncer le clou: «Aucun autre pays ne pratique une fiscalité plus importante et n’a des finances publiques aussi déséquilibrées.»

Le concept de «jour de libération fiscale» tient ses détracteurs. Ceux-ci ne manquent pas d’arguments. Ils mettent en avant un système socio-fiscal qui ponctionne, certes, mais aussi redistribue. Sous forme soit d’allocations (familiales…), soit de remboursement comme pour les soins, ou encore par la mise à disposition de services et de biens (éducation, infrastructures…). L’Institut Molinari voit ce jour davantage comme le «moment à partir duquel le salarié recouvre la liberté d’utiliser, comme il veut, son pouvoir d’achat, en consommant ou en épargnant». Si l’on en croit les promesses de François Hollande, il devrait l’an prochain arriver un peu plus tôt…


Jour de libération fiscale

Le jour de libération fiscale s’obtient  en rapportant le salaire brut moyen des salariés grevé de l’ensemble de charges et impôts qu’ils acquittent directement ou indirectement (charges sociales patronales et salariales, impôt  sur le revenu, TVA) au nombre de jours de l’année. «Cela permet de mesurer  le coût réel des services publics  et de la Sécurité sociale pour le salarié moyen», fait valoir l’institut économique Molinari – qui se base  sur les données du cabinet EY.

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