– Docteur, j’ai du mal à me sentir solidaire, est-ce grave ?

Probablement à la demande du RSI et de l’URSSAF, un projet de loi serait en préparation pour soumettre à consultation médicale, et à traitement si nécessité, les français contribuables non solidaires.

Des psychologues sont en cours de formation pour répondre à cette problématique.

Devançant la loi, je me suis présenté spontanément chez l’un de ces futurs praticiens.

Je vous rapporte l’entretien.

“- Bonjour Docteur

Grand, sec, jeune, chauve, équipé de lunettes épaisses, pas souriant, c’est ainsi que m’est apparu le spécialiste. Regardant ma fiche, il me dit:

– Bonjour Monsieur, vous vous appelez Dumas. Vous venez spontanément dans le cadre de la future loi sur les déviances de solidarité qui sanctionnera les contribuables français non solidaires, c’est bien cela ?

– Tout à fait.

– Personnellement, déjà psychiatre, je suis des cours spécifiques complémentaires à Bercy pour être diplômé en la matière mais, comme vous le savez, la loi n’est pas encore votée et nous ne sommes pas encore accrédités. Cela ne vous pose pas problème.

– Non, pas du tout.

– Alors expliquez-moi vos difficultés de solidarité.

– Eh bien voilà. Quatre fonctionnaires des finances : Mme Jourdes, M. Martino, M. Garcia et Mme Giugleur sont venus chez moi et, en trois fois, ils m’ont dépossédé de tous mes biens. Je dis, j’insiste : tous mes biens. En fait, ils ont anéanti le patrimoine de ma famille et le mien. Ils ont effacé 70 ans de travail et d’économie. Ils m’ont laissé ruiné, incapable de subvenir à mes besoins, à 72 ans.

– Oui, bon, alors ?

– Ils ont réalisé ce pillage à l’aide de falsifications grossières de la réalité.

– Hum, hum…

– J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’une erreur, leur hiérarchie m’a fait savoir que ce n’était pas le cas. J’ai pensé alors que la justice, saisie, me restituerait mes biens, j’ai même cru qu’elle sanctionnerait ces agents que je trouvais indélicats. Mais ce ne fut pas non plus le cas, sauf pour Mme Jourdes où c’est peut-être en cours.

– Oui, bon, alors ?

– Les magistrats m’ont fait comprendre que tout cela est naturel et s’inscrit dans le cadre de la solidarité.

– Oui, alors ?

– Depuis je m’interroge sur la solidarité.

– Vous ne vous sentez pas solidaire ?

– Eh bien …c’est-à-dire… que….

– Vous ne vous sentez pas un homme solidaire de l’humanité ?

– Vu sous cet angle si. Je n’ai pas l’impression d’être autre chose qu’un homme comme tous les autres. Mais solidaire ? C’est quoi exactement ?

Après une légère concentration et prenant un ton paternaliste le médecin me dit :

– Etre solidaire c’est partager avec les autres. Les joies et les peines, tout. Si possible de façon égale.

– Avec tous les autres.

– Oui, avec tous les autres, particulièrement les plus déshérités.

– Il faut que je sois solidaire avec DAECH ?

– Non évidemment.

– Pourquoi ?

– Parce que DAECH c’est le mal.

– Ah bon, alors on n’a pas à être solidaire du mal ?

– Bien sûr que non.

– Mais ceux qui ne branlent rien dans la vie, qui picolent, qui jouent, qui se droguent, n’est-ce pas mal ?

– Alors là, ça dépend. S’ils ont été élevés dans un milieu où tout le monde ne branle rien, picole, joue et se drogue, ce n’est pas de leur faute, alors ce n’est pas mal.

– Ah bon, alors ils peuvent continuer et moi je dois être solidaire d’eux ?

– C’est plus compliqué que ça, répondit le médecin, l’air contrarié.

– Pour moi vous savez, lui dis-je, ce n’est pas compliqué, on m’a tout pris. Ça, c’est ultra simple. Ecoutez docteur, ce qui serait pratique c’est que vous me fassiez une liste de ceux qui sont le bien et avec qui donc je dois être solidaire. Je comprendrais peut-être mieux.

– On ne peut pas faire de liste, vous devez ressentir la solidarité. Sentir que les difficultés peuvent arriver à tout moment et que nous devons être solidaires de ceux qui les subissent.

– Ah ça docteur, sûr que je suis bien placé pour comprendre que la misère peut surgir à tout moment. Pour moi elle a pris la forme d’un pillage fiscal. Mais, maintenant qu’elle est là, je ne sens pas beaucoup de solidarité autour de moi. Ce serait plutôt le contraire. Les huissiers bloquent mes comptes et sonnent chez moi toutes les semaines. La solidarité n’est donc pas pour tout le monde ?

– Ecoutez M. Dumas, tant que vous regarderez la solidarité sous l’angle de la personnalisation, vous ne pourrez pas la comprendre. La solidarité n’est pas un acte personnel, c’est un tout, une grande ambition collective.

– Ah bon !!! Mais moi, ce que l’on me prend au nom de cette ambition collective c’est tout à fait personnel. N’est-ce pas un peu facile de prendre à un homme physique pour donner à une ambition collective abstraite ?

– M. Dumas, je dois être franc avec vous, vous présentez tous les symptômes de la déviance de solidarité. En fait, vous voudriez garder le résultat de vos réussites pour vous seul.

– Notez qu’en même temps, docteur, je ne cherche pas à emmerder les autres avec mes problèmes, je m’efforce de les assumer.

– C’est bien ce que je dis M. Dumas, vous n’êtes pas solidaire. Vous ne seriez pas, par hasard, un libéral ?

– Ecoutez docteur, je veux bien être solidaire, mais à condition de choisir moi-même ceux avec qui je souhaite l’être. Je ne veux pas l’être avec DAECH alors qu’il est probable, qu’à travers mes impôts, je l’ai été dans un passé pas si éloigné. Je ne veux pas être solidaire avec les fainéants, les escrocs, les porteurs d’idéologies que je n’approuve pas. Je veux choisir mes solidarités.

– Hélas, je crains fort que vous ne deviez faire l’objet d’une rééducation de solidarité. Le fait de vous avoir soustrait vos biens va dans le bon sens, car vous les auriez utilisés égoïstement. Le temps que je pouvais vous consacrer est terminé, si ce n’était votre âge, vous auriez peut-être été récupérable, mais là…”

Ainsi parla le futur psychiatre de la solidarité.

Bien cordialement. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

4 réflexions sur « – Docteur, j’ai du mal à me sentir solidaire, est-ce grave ? »

  1. L’humour pour définir la réalité . En fait nous devrions tous devenir des humoristes pour faire rire ceux qui nous harcèlent et nous volent. Mais au fait DAECH a t il de l’humour ..Bien Amicalement

  2. Les autorités françaises, fer de lance dans la guerre contre l’organisation de l’État islamique, ont officiellement adopté l’acronyme “Daech” pour désigner l’EI dans leurs discours officiels.Mais d’autres mots, proches phonétiquement, existent. À l’instar de “Daes” – celui qui écrase avec son pied – ou de “Dahes” – celui qui sème la discorde ou la zizanie.

    on pourrait lancer un concours pour DGFIP (tout en restant courtois) !
    Des
    Génesrescences
    Fonction
    Impots
    Public.

    a votre bon cœurs M’sieurs , Dames, l’humour et la pensée est la seule chose qu’il nous reste .

  3. Bonsoir,
    Belle parabole à un doigt de l’exactitude!
    Attendons 2017 et on va voir où nous allons la sentir la solidarité: prévoir la vaseline!
    @+

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