GRECE comment a-t-on pu en arriver là ? (Part 3)

Evoquons désormais la situation de la Grèce dont évidemment tout le monde a entendu parler.

La Grèce est entrée dans l’UE en 1981, sur l’insistance de F. Mitterrand, car la Grèce est le berceau de la société européenne et on a considéré qu’il eut été anormal que le pays qui en était à l’origine soit exclu de l’Europe (Europe est un mot grec, lié à la déesse Europe).

Elle a bénéficié de la même mansuétude pour entrer dans la zone Euro (€) alors qu’elle n’était manifestement pas en état de le faire puisque l’on sait que ses comptes publics ont été maquillés pour masquer des déficits structurels très importants qui ne la qualifiaient pas pour l’€ (mais ce qu’on sait moins c’est que la France a « arrangé » aussi ses comptes en externalisant certaines dettes gênantes).

La Grèce partage avec la France le même sentiment de rejet vis-à-vis de sa classe politique après 30 ans de dérive clientéliste et dynastique (c’étaient toujours les mêmes familles qui se partageaient le pouvoir) qui a abouti à laminer des partis traditionnels totalement décrédibilisés.

Elle est actuellement dirigée par M Tsipras, du parti Syriza, représentant de la gauche radicale tendance Mélenchon, arrivé au pouvoir en janvier 2015 à la suite de la crise économique qui a frappé la Grèce !

Syriza s’est présenté comme le parti anti-austérité, laquelle austérité est entièrement attribuée par les grecs à l’oppression financière et économique que l’Union européenne, la BCE et le FMI (dénommés Troïka) se plaisent à leur imposer par pure malignité !

Bien entendu, Syriza a promis aux grecs qu’il allait rejeter le plan d’austérité de la Troïka et a organisé un référendum pour recueillir l’assentiment de la population.

Le populisme radical (pléonasme ?) a ceci de particulier qu’il arrive, dans certaines circonstances bien précises, par des promesses dont on ne jugera pas du fondement, à recueillir l’assentiment plus ou moins aveugle des foules.

Et les grecs ne demandaient qu’à être convaincus !

Nombreux sont donc les grecs qui ont cru à ce que leur disait Syriza et d’ailleurs lors du référendum de 2015, les grecs ont suivi Syriza et voté NON à l’UE et contre l’austérité !

Or, malgré ses vociférations du printemps 2015 et malgré le vote populaire, M Tsipras n’a toutefois pas poussé ses menaces jusqu’au bout et n’a pas provoqué une sortie de la zone € de son pays pour revenir à la Drachme ; alors que, une fois que la Grèce eut épuisé son crédit et toutes les solutions de secours, le retour à la Drachme est apparu pendant un temps comme l’ultime solution.

Il y a lieu d’en chercher la cause tout en n’étant pas dupe non plus qu’il s’est agit aussi pour lui de se maintenir au pouvoir.

Les grecs vivent encore aujourd’hui avec le mythe de l’Ελλας antique (Hellas) et des cités grecques qui ont inventé la démocratie à l’Européenne (tout en se faisant sans cesse la guerre !), voire même pour les populations les plus à l’est (Mer Egée), de l’Empire Byzantin et ont le sentiment de se retrouver dans la situation qui est la leur parce qu’ils ont été trompés et grugés par les banquiers internationaux, par l’Europe, le FMI, la BCE et l’Allemagne !

Les grecs se perçoivent donc comme des victimes !

Seulement, la réalité est toute autre !

Lorsque la Grèce est entrée dans l’UE, elle n’était qu’un pays en voie de développement quasiment sans infrastructures, avec une population pauvre (hormis l’Eglise orthodoxe et ses armateurs – la Grèce possède la 1ère flotte de commerce au monde !), un réseau routier lamentable et aucun cadastre.

La Grèce reste le pays le plus pauvre de l’UE, peuplé de 10 millions d’habitants, avec une économie faible, qui ne comporte que 3 grandes agglomérations (Athènes, Thessalonique, Patras), pratiquement sans chemin de fer, au relief très montagneux, qui importe à peu près tout ce qui est nécessaire à son fonctionnement (y compris du blé de Turquie alors que celle-ci est perçue comme l’ennemi héréditaire).

Ses principales sources de devises sont exclusivement le tourisme (20% du PIB), ses activités associées et sa flotte de commerce mais les armateurs ont obtenu de ne pas payer d’impôts car sinon ils menaçaient de délocaliser leur flotte. Le premier propriétaire terrien est l’Eglise Orthodoxe … qui ne paie pas non plus d’impôts !?!

Paradoxe, la Grèce, berceau de la civilisation européenne, est un pays de création relativement récente qui remonte, pour sa période moderne, à 1830 et n’a rien à voir avec la Grèce classique !

Et les choses n’ont pas été faciles car après 400 ans d’occupation ottomane émaillée de nombreuses révoltes et d’abominables massacres (les turcs sont honnis par les grecs), une indépendance acquise de haute lutte, une violente et méconnue guerre civile à l’issue de la deuxième guerre mondiale (jusqu’en 1949) à l’occasion de laquelle les communistes ont tenté de prendre le pouvoir, une difficile et laborieuse réunification (les îles du Dodécanèse – douze îles au sud est de la Mer Egée – n’ont été rattachées qu’en 1947 car l’Italie avait « oublié » de les restituer), elle a fini avec l’épisode dit des colonels (dictature des années 70) qui ont entraîné le pays dans une hasardeuse guerre (perdue) avec la Turquie à propos de Chypre.

La Grèce, dont les structures étatiques largement défaillantes résultent dans une certaine mesure de l’occupation ottomane basée sur le pillage, puisque le sultan de Constantinople utilisait une organisation militaire pour extorquer des revenus aux populations occupées sans autre souci d’organisation administrative que la peur de représailles toujours très brutales, a aussi fait défaut à 6 reprises au cours de son histoire récente !

Or, elle a connu, à partir de son intégration dans l’Europe (par le biais des fonds structurels) et surtout à partir de son intégration dans la zone €, un véritable miracle économique et une élévation phénoménale de son niveau de vie en lui faisant faire en quelques années un bon en avant d’au moins 50 ans !

Seulement, cela s’est fait au moyen d’une inflation complètement délirante de ses coûts  de fonctionnement avec un recrutement massif et clientéliste de fonctionnaires, une administration inefficace liée à la structure de l’Etat mais aussi à la structure de la société et aux liens familiaux (tout le monde se connaît et la Grèce est un rassemblement de petits villages), des salaires des fonctionnaires multipliés par deux ou par trois, des retraites du secteur public gonflées dans les mêmes proportions ; le tout en profitant, comme la France, d’un accès à un crédit pas cher proche des taux allemands.

Soyons clairs : Toutes les règles de base de l’économie et de bonne gestion des deniers publics ont été transgressées par les politiciens grecs ; avec la complicité plus ou moins consciente de la population qui s’est mise à bénéficier du jour au lendemain d’une amélioration incroyable de son niveau de vie sans se poser la question de l’origine de cette subite amélioration :

L’argent pas cher coulait à flot et les grecs ont dépensé sans compter l’argent qu’ils n’avaient pas ce qui fait que j’ai vu l’achat effréné de berlines allemandes, un urbanisme complètement fou avec des constructions de splendides maisons partout au bord de mer – et principalement dans les îles – tous ces biens tangibles étant le symbole le plus évident de ces dépenses financées par les autres !

Un jour, un grec m’a dit : « vous les français vous êtes riches et vous vivez comme des pauvres, nous les grecs nous sommes pauvres mais nous vivons comme des riches »

Tout ça pour dire que le français a la réputation (justifiée) d’économiser et d’épargner tandis que les grecs ont tendance à vivre au jour le jour et à tout dépenser !

L’Etat grec s’est lancé aussi dans l’aventure des jeux olympiques d’Athènes 2004 avec une facture déclarée de 6.5 mds € (qui s’élèverait en fait à 8.5 mds €) et dans des dépenses militaires complètement disproportionnées (l’Etat grec est un bon client de l’Allemagne à qui elle a acheté des centaines de panzers type Leopard et plusieurs sous marins type U Boote 212) car la Grèce est toujours en conflit larvé avec l’ennemi héréditaire et historique turc !

En résumé, tout le système économique de la Grèce s’est trouvé basé sur l’endettement et non sur la création de richesses ; et l’élévation du niveau de vie dans des proportions inimaginables a eu lieu essentiellement par le recours à l’emprunt alors que parallèlement les grecs considéraient comme normal de ne pas payer ou de payer très peu d’impôts !

A celà s’ajoutent une importante fraude fiscale, une corruption certaine, une économie souterraine qui représente au moins 20 % du PIB.

Tout ça pour dire qu’ils se sont mis à vivre dans un monde idéal où la richesse leur était procurée par les autres et dans lequel ils ne payaient pas d’impôts ou presque !

En fait, d’un point de vue économique, par un mécanisme de vases communicants, l’Etat grec s’est appauvri et endetté pour permettre aux grecs  « individus » de s’enrichir ; ce dont ils n’ont apparemment pas conscience puisqu’une bonne partie de la population s’est réfugiée dans le déni et la victimisation !

Certes les politiciens ont fait n’importe quoi et ont entraîné leur pays dans des abysses mais il faut être conscient que les bénéficiaires de ces largesses inconsidérées ont été les grecs eux-mêmes !

Bien évidemment, une fois que la fête était finie, ne restait plus que la « gueule de bois » alors qu’en se percevant comme des victimes de l’UE, les grecs ont opéré une confusion entre les causes de la crise, en fait purement grecques et découlant de la politique suivie par le pays depuis 1974 (étatisme, corruption, détournements, clientélisme et dépenses inconsidérées) et les remèdes imposés par les institutions créancières (UE, BCE, FMI).

Seulement,  un Etat ne peut pas s’affranchir longtemps des lois de la gravité économique !

Car :

  • On ne peut pas augmenter les salaires sans création de richesse et amélioration de la compétitivité de l’économie,
  • On ne peut pas faire fonctionner un Etat moderne sans système fiscal efficient,
  • On ne peut pas provoquer un surendettement public complètement délirant, notamment par le biais d’une augmentation des salaires du public, des retraites ; surtout lorsque cet état a un système fiscal défaillant (bis),
  • On ne peut pas embaucher dans la fonction publique par électoralisme ni utiliser l’emploi public comme une variable d’ajustement du chômage et un réservoir de votes pour les partis au pouvoir,
  • On ne peut pas distribuer, par clientélisme, l’argent emprunté avec facilité sur le marché international des capitaux au taux allemand ;

et les banques grecques se sont montrées complices de cette dérive en se livrant au démarchage téléphonique de leurs clients, même les plus pauvres, pour leur proposer des prêts sur simple présentation d’une carte d’identité !

Ces dépenses inconsidérées, malgré de fortes subventions européennes, ont abouti à laisser filer une dette publique jusqu’à des abysses qui ont fatalement fini par alerter les fameuses agences de notation présentées, par une certaine presse, comme des fossoyeurs alors qu’elles ne font que calculer un risque !

Et la dette publique est montée à des niveaux stratosphériques (elle culmine à 180% du PIB) et est alors devenue insoutenable au point que les taux d’intérêts pour refinancer la dette grecque sont montés jusqu’à 40% !

Forcément, est arrivé le moment où les marchés financiers ont clairement refusé de continuer à accorder de nouveaux prêts et où la Grèce n’a plus pu faire face à ses échéances !

Et, pour couronner le tout, un mécanisme de spéculation s’est enclenché  (beaucoup de fonds d’investissements se sont mis à spéculer sur sa dette au moyen des fameux CDS – acronyme anglais pour credit default swap – c’est un produit dérivé) aggravant ainsi une situation précaire !

Et la Grèce, devenue totalement insolvable, en cessation des paiements, n’a eu d’autre issue que de solliciter en 2008 l’aide de l’UE !

L’intervention de la Troïka a amené à un plan de sauvetage qui est passé par l’écrasement de 100 milliards d’€ de dettes (annulées), de plusieurs prêts successifs pour un montant cumulé de 350 milliards d’€ en contrepartie de l’obligation d’adopter des mesures d’austérité particulièrement impopulaires destinées à obtenir un rétablissement des marges de compétitivité

 

Clairement, il s’agissait d’organiser une dévaluation compétitivité/coûts par la réduction des coûts de production c’est à dire essentiellement par la réduction des salaires et des charges sociales, une forte augmentation de la fiscalité, des réformes structurelles destinées à rendre le recouvrement de l’impôt efficace et un ensemble de privatisations.

La Grèce s’est donc trouvée dans l’obligation d’emprunter, sous l’égide de la Troïka, pour rembourser ses prêteurs et assurer ses fins de mois et les nouveaux prêts avaient pour but essentiellement de rembourser les anciens venus à échéance et qui demeuraient impayés ; afin d’éviter un effet domino qui aurait pu faire sauter tout le système.

Les nouveaux prêts, dans le cadre du plan de sauvetage, ont simplement servi à rembourser les anciens et à assurer les fins de mois de l’Etat ; compte non tenu du fait qu’il a fallu aussi sauver les banques grecques complètement obérées par une masse colossale de créances irrécouvrables car les grecs ne paient pas leurs dettes.

Nous sommes donc fort loin de l’idée fort répandue en Grèce selon laquelle les banquiers internationaux ont pillé les grecs pour les affamer !

La mise en place d’une fiscalité plus efficace (les grecs se sont trouvés dans l’obligation de payer des impôts), une forte augmentation de la TVA à 23% s’est accompagnée d’une réduction drastique et violente du nombre des fonctionnaires, des salaires des employés du secteur public et du montant des retraites !

Ces mesures ont achevé d’excéder les grecs alors qu’il paraît normal pour un créancier d’avoir la possibilité de contrôler la situation et les besoins de son débiteur, du moment que ce dernier l’appelle à l’aide, voire même de lui demander un certain nombre de mesures d’assainissement de ses finances et de sa situation économique. Il ne se passe pas autre chose en cas de redressement judiciaire d’une entreprise en difficulté !

Seulement, le pire, c’est que les autorités grecques, sans doute histoire de se défausser quant la responsabilité à assumer des mesures impopulaires nécessaires, n’ont eu de cesse de considérer ce contrôle comme abusif, et se sont mises à dénoncer auprès de la population « des intérêts étrangers qui voulaient exercer une domination sans partage sur le pays » ; les désaccords avec les instances européennes étant présentées à l’opinion comme un combat pour une « dignité nationale » bafouée !

La mésaventure de la Grèce est là pour nous rappeler qu’un pays ne peut pas empiler indéfiniment des dettes sans qu’à un moment ou à un autre on finisse par lui en demander les comptes ; du moins tant qu’il n’a pas fait défaut !

A l’été 2015, j’ai vécu comme les grecs un assèchement complet des liquidités ; les caisses du pays étaient vides et le pays n’avait pas de réserves de change ; les grecs retiraient tout ce qu’ils pouvaient des banques (on avait affaire à un véritable bank run), il y avait une fuite massive des capitaux (on a parlé de 100 milliards d’€) !

Les banques grecques sont aujourd’hui au bout du rouleau (le montant des mauvais crédits s’élève à 40% !) et le CREDIT AGRICOLE a perdu 5 milliards d’€ dans son aventure hellénique à travers son ancienne filiale Alphabank revendue depuis pour presque rien !

En effet, dans l’imagerie populaire, l’idée est très répandue qu’un grec qui roule ses associés et sa banque est un homme d’affaires rusé et avisé ! Il s’agit d’une forme de morale un peu particulière, plutôt orientale, où la rouerie et la malhonnêteté en affaires sont perçus comme une vertu !

Et, en juillet 2015, au plus fort de la crise, les hellènes se sont mis à acheter en masse des voitures neuves histoire de profiter des € avant leur conversion éventuelle en drachmes.

Les autorités ont même été obligées de limiter les retraits d’espèces car les banques se sont retrouvées dans une situation de bank run où les grecs transféraient en masse leurs avoirs vers des cieux moins inquiétants (Allemagne notamment) !

Toutes les hypothèses furent envisagées : défaut total ou partiel sur la dette, sortie de l’€, sortie de l’Union européenne, rapprochement avec la Russie (M Tsipras a bien essayé de trouver une échappatoire en négociant un emprunt de 5 milliards de dollars avec la Russie, sans succès), conditionnement des remboursements de la dette à la croissance de la Grèce et à un important plan de privatisations.

Or, on peut légitimement se demander comment la Grèce aurait pu faire pour apurer ses finances et ses comptes publics en sortant de l’€ ; sauf à ruiner complètement et pour longtemps sa population (il ne faut pas hésiter à parler de dizaines d’années) !

Pour dire les choses simplement : la sortie de la zone € équivalait à un suicide collectif à 350 mds d’€ !

On n’ose en effet imaginer sa situation sans le soutien de l’UE et de la BCE, avec une monnaie sans crédibilité économique, sans réserve de changes, sans possibilité d’emprunter sur le marché international des capitaux pour 30 ou 50 ans !

Ce qui est sûr, c’est qu’en sortant, la Grèce aurait perdu toute aide de l’UE (directe en tout cas) et qu’il en serait résulté une véritable catastrophe économique dont M Tsipras aurait eu à rendre des comptes ; sans espoir de pouvoir se maintenir au pouvoir.

Car, comment rétablir les comptes quand le pays n’a pas et ne peut pas avoir les ressources pour rembourser une dette astronomique ; avec une balance des paiements structurellement déficitaire et des importations dépassant de beaucoup les exportations !

L’issue d’une sortie de la zone € était assurément un défaut total du pays sur sa dette …et la fin du crédit. Ça aurait été assurément un saut d’au moins 30 ans en arrière alors qu’actuellement un tiers des hellènes n’a plus de couverture sociale !

Le pays serait inévitablement passé sous la tutelle du FMI (seul à même de prêter les devises étrangères nécessaires au redémarrage de l’économie) et le redressement des comptes publics serait passé obligatoirement par une diminution très importante des dépenses (pensions, salaires des fonctionnaires et assimilés, retraites, investissements) ainsi que par une violente hausse des impôts ; de quoi mettre à genoux toute une population … alors que la structure faiblement exportatrice du pays est de nature à l’empêcher d’accumuler les devises nécessaires à ses achats à l’étranger pour faire tourner son économie !

On trouvera que M Tsipras, malgré son radicalisme, a su dépasser le stade de l’idéologie pour examiner à froid les issues possibles à une situation particulièrement difficile ; même si aujourd’hui de nombreux hellènes considèrent qu’il les a trahis !

On pourra aussi argumenter qu’il a été circonvenu par les dirigeants de l’UE, Allemagne en tête, pour l’empêcher de faire sauter la zone € alors que nous savons aujourd’hui qu’une sortie de la Grèce n’aurait pas eu cet effet en 2015 (alors qu’il y avait un vrai risque de contagion en 2008).

Seulement, hors des promesses populistes sans lendemain, il n’y a qu’une façon de remettre à flot un pays surendetté : cesser les dépenses inconsidérées, libéraliser les structures de l’économie et laisser les agents économiques produire et innover librement.

C’est évidemment moins glorieux et moins valorisant pour les politiciens que les menaces de « tordre le bras de la finance internationale » ; mais c’est aussi plus réaliste !

Cela montre qu’il n’est pas besoin de sortir de la zone € pour se trouver en grande difficulté, mais celà montre aussi que la sortie de la zone € est assurément le meilleur moyen de se retrouver en très grande difficulté ; ce qui permet aussi de pointer du doigt les insuffisances de l’UE qui n’a exercé aucun contrôle sur les finances grecques alors que ces difficultés ne sont pas arrivées sans signes annonciateurs.

Evidemment, la règle économique selon laquelle un pays avec un état faible et une économie faible doit avoir une monnaie faible (qui ne lui permet pas d’emprunter à bon compte et en masse sur les marchés) n’a pas été respectée car si la Grèce avait conservé la Drachme, jamais elle n’aurait pu emprunter autant d’argent sur les marchés et, forcément, jamais elle ne se serait trouvée dans cette situation !

Quoiqu’il en soit, la Grèce est aujourd’hui un Etat en faillite plus ou moins avérée qui ne survit que grâce à l’appui des autres pays de l’UE et de la BCE et tout le monde sait qu’un retour à la Drachme entraînerait la ruine de toute la classe moyenne et populaire car quelle serait la valeur d’une monnaie si elle ne vaut pas plus qu’un billet de monopoly ?

La Grèce est insolvable, elle a au moins 318 mds € de dettes qu’elle ne peut pas rembourser, elle subit un chômage élevé (28%), la population se remet à émigrer, la TVA a été portée à 24% en 2016, elle enchaîne les récessions et, comble de malchance, a dû aussi subir le choc du flot des migrants venant de Turquie !

Elle se trouve désormais dans une trappe à dettes (puisque les dettes progressent plus vite que la croissance économique) dont l’issue ne peut passer que par un défaut sur sa dette qui apparaît définitivement comme non remboursable !

La morale de cette histoire est que les français devraient se méfier de l’évolution malsaine de l’économie de leur propre pays car nous adoptons les mêmes travers et forcément, à un moment ou à un autre, les conséquences  en seront les mêmes ; mais avec la différence que personne ne pourra nous sauver car ce sera un crash à 3.000 mds d’€ !

Bien cordialement et meilleurs vœux à tous !

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

6 réflexions sur « GRECE comment a-t-on pu en arriver là ? (Part 3) »

  1. En dehors des promesses populistes sans lendemain, de gauche battue comme de droite arrivée au pouvoir, il n’y a qu’une seule façon, vous avez raison de le dire, c’est pour remettre à flot un pays surendetté : réussir à faire cesser la plus grande partie des dépenses inconsidérées de l’Etat, déréglementer les structures paralysées de l’économie, laisser les agents économiques produire librement, faire payer des taxes foncières à tous les gros propriétaires fonciers, y compris ceux qui sont parfois exonérés pour leurs biens afin de remplacer la récolte fiscale qui sera perdue par la baisse promise des impôts, récolte jusque là acquise sur le dos de ceux qui travaillent pour l’économie marchande.

  2. Mon chien, qui ne parle pas, ne ment jamais.
    Il ne connait pas la démocratie, il ne connait que la vérité.
    Je lui trouve quand même l’air heureux.
    Il a peut-être de la chance.
    Il est aussi possible que seule la chance décide de la distribution du bonheur.
    En fait, j’ai l’impression que c’est ce que croit mon chien.
    Pourrait-il, comme les grecs, croire que l’escroquerie est une chance ?
    Il faudrait sans doute qu’il parle pour cela….
    C’est encore un très très bon billet Philos.

  3. Ugnare que je suis, je me demande pourquoi on ne peut pas convenir pour certains pays trop endettés mais ayant encore une économie productive, dont la chute mettrait l’Union européenne en péril (telle la France) d’un simple moratoire sur les intérêts, par lequel les remboursements porteraient d’ABORD exclusivement sur le capital dû – afin de cesser d’emprunter pour ne payer que des intérêts en augmentant encore et toujours l’endettement – et les intérêts ne seraient remboursés qu’ensuite ; ainsi l’ensemble de leur dette continuerait de figurer en tant que créance valable au bilan des banques, qui pourraient continuer à percevoir le même montant de remboursement mensuel, ou presque (parfois à négocier selon les capacités du pays concerner). Et ces pays pourraient alors ne pas voir augmenter le taux d’intérêt qui leur est appliqué.

    Peut-être s’en sortiraient-ils ainsi peu à peu, avec en contrepartie de cet arrangement et d’un éventuel allongement des délais de remboursement, un plafond à leur droit d’emprunter encore pour couvrir leur déficit structurel : une différence étant clairement faite en matière de prêts entre la couverture du déficit structurel qu’ils seraient ainsi contraints de réduire progressivement et le financements d’infrastructures utiles et d’investissements productifs.

    J’aimerais savoir pourquoi cela ne serait pas envisagé.

    1. Bonjour Chris
      Mais c’est déjà le cas !
      Les taux d’intérêts sont très faibles !
      Le problème est que la Grèce ne dégage pas d’excédent primaire (excédent budgétaire permettant le paiement des intérêts de la dette – comme nous d’ailleurs) et enchaine les dépressions !
      Un jour il faudra que l’UE “prenne ses pertes” mais celà pose un énorme problème de stabilité financière du système européen qui tient du chateau de cartes !
      Imaginez que la France soit dans l’obligation d’écraser 30 ou 40 mds € de créances (je ne me suis pas penché sur le montant de la créance française).
      C’est autant d’impôts en plus sur les français sans compter une aggravation de la dette française qui n’en n’a vraiment pas besoin !
      Bien cordialement

  4. c’est quand même un DRachME que depuis Ulysse ils n’aient pas retenus la leçon …mais …… GREED is GOOD;

    Pauvre petit GRECS qui ensablés dans leur dette abyssale ont été pris en SAND-WITCHC par de malveillants créanciers et de bienveillant opposant politiques..

    Superbe pamphlet de Moosieur PHILOS FOG , ca me rappelle furieusement notre histoire française , soit nous sommes cons comme les grecs ou alors le rideau de fumée est vraiment bien opaque ..
    la pomme est trop belle au jardin d’EDEN, du moment que tous le monde en CROCS sans soucis
    Oooh pâques bénie de ses élections qui vont nous reléguer aux calanques Grecques.

    La morale de cette histoire est que les français devraient réfléchir avant de faire se retourner les sept cavaliers de l’apocasosialiste dans l’urne .
    “même causes , mêmes effets “

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