La France, dernier refuge du collectivisme ?

La Commission Européenne, à propos de la situation économique et financière française, a écrit en février dernier :

« La France connaît des déséquilibres excessifs. Dans un contexte de faible croissance de la productivité, l’importance de la dette publique et la faiblesse de la compétitivité peuvent entraîner des risques pour l’avenir et avoir une incidence dépassant les frontières nationales. La compétitivité a commencé à s’améliorer, et les parts de marché à l’exportation se sont stabilisées ces dernières années. La faible croissance de la productivité empêche cependant un rétablissement plus rapide de la compétitivité coûts en dépit des mesures prises pour réduire le coût de la main-d’œuvre et d’une évolution modérée des salaires. Les marges bénéficiaires des sociétés non financières se sont quelque peu redressées depuis 2013, mais continuent à peser sur l’investissement. La dette publique continue de croître, quoiqu’à un rythme plus faible, et les risques en termes de soutenabilité à moyen terme sont élevés. »

ce qui veut dire, en clair, que l’incapacité de la France à régler ses problèmes de dette et de compétitivité pourraient faire sauter tout le système sous 4 ou 5 ans !

Et pourtant, ce n’est visiblement pas le problème des candidats à l’élection présidentielle puisque, non seulement cette situation n’est pas évoquée, ni prise en compte, mais ils ont tous prévu, sauf deux (Fillon et Macron), de dépenser d’avantage !?!

Comment s’en étonner d’ailleurs lorsque l’on constate que, sur 11 candidats, 9 présentent des programmes anti-libéraux, anti-capitalistes, anti-européens, anti-mondialisation, voire carrément marxistes en oubliant que l’Histoire a démontré, de manière constante, que le marxisme, qu’il soit soviétique, chinois, cubain ou vénézuélien ne mène qu’à la faillite, à la misère et à la dictature !

De surcroît, quatre d’entre-eux sont ou ont été des trotskystes assumés ; idéologie non républicaine qui professe la conquête du pouvoir par la révolution ! On peut d’ailleurs se demander comment cette idéologie centenaire et complètement éculée, fondée sur la révolution permanente, la lutte des classes et la dictature du prolétariat peut encore avoir une audience !

Nous assistons donc au spectacle à la fois incroyable et consternant de candidats complètement déconnectés des réalités, évoluant dans un monde à la fois archaïque, utopique et anachronique et qui s’imaginent pouvoir, au prétexte d’un clientélisme à la fois indécent et irresponsable, promettre n’importe quoi aux électeurs !?!

Mais il est vrai qu’une part notable des français ne demande qu’à être convaincue par les programmes ridicules de ces candidats ; surtout s’ils pensent que cela peut leur permettre de sauver leurs petits avantages ;

Pour une autre part des électeurs, qui se sont radicalisés, il s’agit de se jeter dans les bras de tribuns démagogues prétendument contre un système dont ils vivent pourtant depuis des décennies au nom d’un rejet de la classe politique traditionnelle qui, il est vrai et c’est bien là le problème, a fait la preuve de toute son incurie !

Cela explique un rejet idéologique des règles en vigueur sur la planète entière ; ce rejet étant fondé sur l’utilisation de la bonne vieille technique, éculée mais efficace, du bouc émissaire qui permet d’incriminer l’ennemi occulte, invisible, multiforme, omnipotent de la finance (coupable idéal et facile à attaquer puisque représenté par personne), l’Europe, (ce monstre administratif lointain non démocratique), la mondialisation (ce phénomène qui met à la rue des millions de pauvres gens), le grand capital, les banques, les paradis fiscaux, l’Allemagne, le patronat, les multinationales, les riches, les marchés financiers et pour finir l’immigration !

Il y a là un problème de perception faussée de la réalité du monde car :

  • si la France tient ses échéances d’une dette résultant de 40 années de politique irresponsable c’est exclusivement grâce à la finance qui prête les fonds nécessaires pour que l’Etat puisse faire face ses fins de mois !
  • L’Europe n’a aucun caractère antidémocratique car il existe un parlement européen élu au suffrage universel ; elle sert juste d’exutoire à l’incurie des politiciens. Faire de l’europhobie est juste une posture qui n’a d’autre but que de nier les bienfaits des 70 ans de paix et de prospérité qui ont prévalu en Europe !
  • La mondialisation a permis, au moyen d’une division du travail, de faire sortir une quantité formidable de populations du sous développement.
  • S’il y a du chômage, en France bien plus qu’en Allemagne et au RU, c’est que les employeurs ne peuvent pas embaucher du fait des dispositions légales et règlementaires prises par les politiciens ; lesquelles ont complètement corseté le marché du travail et éteint toutes les initiatives !?! c’est donc prendre le problème à l’envers car c’est bien l’interventionnisme excessif de l’Etat qui a surtout prouvé sa nuisance et sa complète inefficacité !

Et pendant que nous cherchons des responsables, le monde change. Il n’est qu’à voir l’évolution spectaculaire de la Chine partie de zéro en 1975 et qui est désormais la 2ème puissance économique mondiale, de la Corée du Sud, du Vietnam, du Mexique, du Brésil, de l’Inde, et les habitants de ces pays sont prêts à travailler dur pour y arriver … pendant que la France cherche surtout des prêteurs susceptibles de lui permettre de continuer à vivre « comme avant » ; c’est à dire en maintenant en survie un système qui ne fonctionne pas !

Seulement, aujourd’hui nous sommes en compétition avec ces pays et, évidemment, ce n’est plus nous qui fixons les règles du jeu car nous ne bénéficions plus de la rente de situation résultant de l’avance technologique permise par la révolution industrielle entre 1850 à 1980.

Il est regrettable que les français se laissent abuser par des politiciens irresponsables au discours simpliste voire réducteur, spéculant sur l’aspect irrationnel des réactions populaires (c’était mieux avant) ou sur le rejet des politiciens traditionnels, dont évidemment ils font partie tout en faisant croire l’inverse, et dont le temps d’action se limite à une législature, soit 5 ans, alors que les emprunts souscrits le sont pour 10 ans et que le problème de leur remboursement se posera nécessairement à ceux qui dirigeront le pays à cette époque.

Pour cela, 9 candidats sur 11 proposent soit une renégociation soit une rupture des traités européens et le retour à une France utopique heureuse, rétrécie dans ses frontières, coupée du reste du monde, comme en 1950, avec sa petite monnaie, sa petite agriculture, son petit marché bien à elle !

Les traités européens ont été établis pour être respectés … ce qui veut dire que, contrairement à ce qu’a faussement prétendu M Hollande au début de son mandat, il n’y a rien à négocier ni à changer qui ne soit accepté par les autres surtout si c’est pour modifier des règles qui ne nous arrangent plus ou en faire fixer de nouvelles qui nous arrangent !

On ne peut pas non plus se livrer au chantage vis-à-vis de nos partenaires (surtout allemands alors qu’ils servent de caution à nos dettes énormes) et croire qu’on pourra ensuite se couper du reste du monde !

Il est regrettable que nous soyions tombés dans l’idéologie la plus rétrograde et la plus ridicule alors que l’avenir de l’Europe est de créer un ensemble cohérent et non de retourner à une mosaïque de petits états qui se jalousent les uns les autres – n’oublions pas qu’en face nous avons des entités comme les USA, la Russie, la Chine, l’Inde !

Au-delà de cet aspect, cette victoire du populisme et de la démagogie est la consécration du dévoiement de la Vème République et de son modèle politique taillé pour un Général de Gaulle qui se voulait au dessus des partis et ne voulait rendre compte qu’aux français, une fois tous les 7 ans c’est à dire … jamais !

La Vème République apparaît désormais comme un régime inadapté à la démocratie moderne. Elle a été conçue pour un homme qui ne voulait pas être comptable de son action, alors que l’élection du président au suffrage universel provoque une personnalisation excessive de l’élection ; laquelle est la porte ouverte à tous les excès, à toutes les démagogies, à tous les abus ; en gros à n’importe quoi !

Encore une fois, le meilleur exemple de ce qui va arriver est la Grèce qui a connu le même rejet des élites politiques traditionnelles, le même rejet de l’Europe et de ses règles présentées comme contraignantes alors qu’elles sont faites pour que les politiciens nationaux ne fassent pas n’importe quoi !

La Grèce a porté au pouvoir un représentant de l’ultra gauche tendance Mélenchon (Alexis Tsipras) qui promettait lui aussi de casser la baraque !

Une majorité de grecs l’a naïvement cru ; seulement, la conquête du pouvoir est une chose et l’exercice du pouvoir en est une autre et … M Tsipras s’est très vite heurté à une réalité incontournable : le mur de la dette !

Il a eu beau promettre des lendemains qui chantent, des jours heureux qui devaient permettre aux hellènes de retrouver par magie le chemin de la prospérité facile, il est rapidement rentré dans le rang après avoir pris acte de la faillite avérée du pays ; appliquant, pour sauver ce qui pouvait encore l’être, parfois de mauvaise grâce, le programme imposé par l’UE ! Voir mon article sur la Grèce (ici).

Aujourd’hui, la Grèce enfile les récessions les unes derrière les autres car … il y a toujours un moment où il faut payer les conséquences de son inconduite et de ses excès !

Or, le problème est que les français ne sont apparemment pas conscients que notre situation n’est pas meilleure que celle de la Grèce puisque nous ne tenons que par la grâce des prêts qui nous consentis par la fameuse finance tant décriée (nous avons prévu d’emprunter 185 mds € cette année). La France est un pays surendetté, avec la dette la plus lourde de son histoire en temps de paix et nous arrivons au bout de l’exercice de l’endettement facile, infini et gratuit !

M Mélenchon et Mme le Pen ne sont en fait que les 2 faces d’une même pièce celle du collectivisme totalitaire  et leurs programmes dépensiers, qui prévoient la mise en coupe réglée de toute l’économie par l’Etat, comme seuls ont sût le faire les nazis et les bolcheviks,  sont absolument irréalisables car nous nous heurterons au même mur de la dette que les grecs !

En effet, même en appliquant une fiscalité complètement délirante et confiscatoire, qui ne manquera pas de provoquer une grave dépression, pour trouver les ressources financières nécessaires, il faudra emprunter encore plus sur les marchés afin de financer ce que le gouvernement aura prévu de dépenser !

Les deux démagogues du bonheur, dont les sondages disent qu’ils pourraient arriver au second tour, nous voyons une Marine le Pen (l’avatar national socialiste de son père) et un Jean-Luc Mélenchon (avec lui c’est surtout bienvenue en URSS), qui prévoient de dépenser entre 160 et 200 mds € pour des programmes économiques complètement utopiques pour ne pas dire dangereux !

Notre volume d’emprunt passera alors de 185 mds € en 2017 à 350 ou 380 mds € ce qui provoquera évidemment une envolée exponentielle de l’endettement !

Seulement, cela n’est pas possible et il n’est pas difficile de deviner ce qui va se passer.

Nous nous heurterons à la défiance des prêteurs (60% de notre dette est financée par des prêteurs étrangers) qui vont prendre conscience que cette fuite en avant ne mènera qu’au défaut de paiement et à la faillite à plus ou moins brève échéance et qui, soit refuseront tout bonnement de nous prêter soit demanderont une prime qui sera de plus en plus élevée (pour la Grèce les taux sont montés jusqu’à 40% l’an).

Il sera alors bien temps de fustiger la finance internationale et le grand capital alors qu’il est assez simple de comprendre, que nous ne pouvons pas avoir raison tous seuls contre le reste du monde ! Un certain F Hollande a cru devoir agiter le spectre de l’ennemi pour pouvoir être élu : or, quand on vit au dessus de ses moyens comme c’est le cas de la France depuis 1976, on a besoin du crédit et de la finance ! Prétendre l’inverse est un mensonge et une tromperie !

Certains pensent qu’ils n’ont rien à perdre ; ce en quoi ils se trompent lourdement car si le système économique s’effondre c’est tout le système bancaire et social qui s’écroulera (les banques fermeront et … ne rouvriront pas) !

Si vous estimez avoir les moyens de cautionner des dépenses complètement délirantes en élisant l’un de ces démagogues, alors n’hésitez pas ; mais n’oubliez quand même pas, au moment de glisser votre bulletin dans l’urne, que les politiciens vous proposent surtout de faire de nouvelles expériences en explorant des secteurs étatiques encore insoupçonnés.

On a les politiciens que l’on mérite et ne perdez quand même jamais de vue qu’à la fin c’est vous qui paierez !

 Autrement dit : l’homme providentiel ou le sauveur de la nation n’existe pas et si vous votez pour n’importe qui … vous aurez n’importe quoi !

Bien cordialement.

 

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

2 réflexions sur « La France, dernier refuge du collectivisme ? »

  1. La fraude sociale c’est le chômage. Donc La 1ere cause de la baisse sociale est le chômage .En France , La courbe du chômage ne peut pas baisser , seul des artifices le permettent , par des formations ou des emplois aidés . Car « La France souffre de son administration, du nombre d’élus, d’un système démocratique, d’un gouvernement et de ses collectivités territoriales gargantuesques , par conséquence affaiblissant les services régaliens comme la santé et la justice . En France les privilèges ont la vie dure ; La France 23eme pays le plus corrompu au monde ; la France un des Etats les plus corrompus d’Europe, constate Transparency International ; La Justice Française classée par la commission européenne pour la justice 37ème sur 43» . Impossible n’est pas français mais imposable oui !
    Tel est la colère d’une partie de nos concitoyens ..La France est dans le côté obscur de la force=cliquez : https://www.temoignagefiscal.com/la-france-est-dans-le-cote-obscur-de-la-force/

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