L’échec prévisible du macronisme !

Emmanuel Macron, lors des élections et évidemment pour s’assurer un maximum de voix, a cru pouvoir s’engager sur des points relativement précis malgré le flou évident de sa campagne électorale et notamment à :

– réduire les déficits, les dépenses publiques (et la dette) de 60 milliards €
– supprimer la taxe d’habitation pour 80% des français
– réduire le nombre des fonctionnaires de 120.000,
– réduire les impôts et notamment l’ISF, l’impôt sur les sociétés, la taxation des revenus du capital ainsi qu’à transformer le CICE en réduction d’impôts pérenne,
– entreprendre une grande réforme du droit du travail pour « libérer les entreprises »,
– engager une rénovation du système des retraites pour le rendre « plus juste » via un régime universel (avec remise en cause des régimes spéciaux qui nous coûtent si cher tout en ne profitant qu’à quelques uns),

Or, voilà que le gouvernement découvre que les comptes du pays sont dans un état calamiteux, vilipende l’ancien gouvernement qui aurait maquillé les comptes (il y aurait un trou de 7 mds €) et aurait dépensé sans compter pendant le premier semestre 2017 mais … n’envisage aucune mesure sérieuse pour remédier à la situation !

Emmanuel Macron a feint la surprise alors qu’il faut rappeler qu’il était encore ministre des finances il y a un an et qu’il a forcément eu connaissance des artifices budgétaires utilisés (tout ça se calcule et se planifie longtemps à l’avance).

Pour l’instant, la seule mesure d’économie adoptée (par Bercy en fait) a consisté à reprendre les vieilles habitudes c’est à dire réduire le budget de la défense pour régler les problèmes les plus urgents, mais sans ajuster les missions demandées aux forces armées et, pour le reste, à prendre des mesures qui ne sont que des annulations ou reports sine die des mesures promises … le premier ministre, devant l’ampleur des dégâts, souhaitant reporter les diminutions promises pour n’appliquer que les augmentations (CSG, taxe carbone notamment) !

Il est vrai que « l’affaire France » apparaît bien mal engagée car le nouveau pouvoir n’a que des déficits à gérer !

Il est à craindre que tout le reste soit à l’avenant ; c’est à dire que l’on va se contenter de rogner sur les dépenses sans jamais engager aucune réforme de fond alors que l’on sent qu’il y a déjà des désaccords entre le président et son premier ministre !

Seulement, Emmanuel Macron, qui est tout sauf un idiot, a senti qu’il se trouvait pris au piège de ses promesses et le danger d’une situation qui commence à rappeler les problèmes rencontrés par son mentor (Hollande).

L’archétype de la situation ingérable est la promesse de suppression de la taxe d’habitation pour 80% des français puisqu’elle représente un coût net de 10 mds € pour l’Etat, infinançable en l’état, car il faut trouver un moyen de compenser les pertes de recettes des communes principales bénéficiaires de ladite taxe !

Quand à la transformation du CICE en baisse de charges pour les entreprises, sont coût est évalué à 20 mds € et … aucune solution n’a été trouvée jusqu’à présent hormis son report sine die !

Pour ce qui concerne l’ISF, on nage en plein flou car son application sur le seul immobilier va finalement aboutir à tabasser fiscalement les propriétaires … pour quel bénéfice ?

Emmanuel Macron maintient donc pour l’heure ses promesses mais se heurte à l’un des problèmes de la politique ; à savoir la poursuite d’objectifs à cours terme incompatibles avec la réalité économique car il ne suffit pas au président d’arriver devant la télé et dire « je veux » pour que ça marche !

La politique du consensus mou et de l’auto satisfaction médiatique qui se dessine ne mènera à rien et les effets de manches et les coups de menton médiatiques ne suffiront pas car l’expérience a prouvé qu’en démocratie (et spécialement en France), le temps imparti pour engager de manière légitime des réformes de fond ne dépasse pas 100 jours !

Or, même si le gouvernement vient d’être autorisé à gouverner par ordonnances en septembre à propos du droit du travail, il n’est nullement question dans ses projets de revenir sur les 35 h, sur la liberté d’embauche et de licenciement … autrement dit, il n’y aura rien qui puisse justifier une modification de la situation antérieure !

De la même façon, il n’est prévu aucune remise en cause de la place de l’Etat ni réduction de son train de vie alors que l’Etat employeur se trouve face à une explosion de ses coûts salariaux et que les déficits continuent à s’accumuler !

Autrement dit, on va continuer la gestion précédente (enfin si on peut parler de gestion eu égard au bilan calamiteux) !

Si, quand même, le jour de carence des fonctionnaires va être rétabli !

Le macronisme apparaît donc bien comme la poursuite du hollandisme par les mêmes moyens dilatoires et c’est jouer un jeu dangereux avec 6 millions de chômeurs qui attendent et espèrent, alors qu’ils ne cotisent plus et sont, bien malgré eux, à la charge des actifs !

En outre, les régimes de retraite du privé sont au bord de l’implosion et on vient de s’apercevoir que l’équilibre prévu pour 2020 ne sera pas atteint avant 2040 (ce qui fait que l’issue sera soit une augmentation des cotisations, soit plus probablement une réduction des prestations par le biais d’une nouvelle dévaluation du point d’indice ou d’une sous-indexation des pensions par rapport à l’inflation). Cette dernière voie a été clairement envisagée …

Et le chômage continue de progresser (il se trouve maintenant à un niveau supérieur à celui du Portugal) alors qu’on ne peut pas promettre à des jeunes entrant sur le marché du travail que leur avenir se limitera à 30 ans de chômage entrecoupés de petits boulots !

La révolte interviendra avant et je rappelle que plus de 45% des électeurs ont voté pour des extrémistes populistes ! Le seuil pour atteindre la prochaine fois les 50% n’est donc pas loin !

La France vit au dessus de ses moyens depuis trop longtemps (1974) et tabasser fiscalement encore une fois les français ne fait pas une politique … tout en ne résolvant aucun des problèmes structurels qu’il faudra absolument régler !

Il faut :

– supprimer le statut de la fonction publique (sauf à la limite pour ce qui ressort réellement du régalien) et diminuer la masse salariale publique par réduction rapide et importante du nombre des fonctionnaires mais aussi par réduction des salaires fonctionnaires (quand on vit de l’argent des autres et que les autres n’ont plus d’argent … on doit en accepter les conséquences),
– remettre à plat la fiscalité,
– réformer les régimes de retraite pour aligner le régime public sur celui du privé tout en supprimant les régimes spéciaux,
– ramener la dépense publique de 56,5% du PIB à 40% !
– réformer le droit du travail pour laisser des marges de manœuvres aux entreprises afin qu’elle puissent enfin embaucher (mais ça prend du temps),
– prendre acte de ce que la France n’est plus une grande puissance et n’a plus les moyens d’intervenir partout dans le monde (Afghanistan, Syrie, Irak, Afrique sub-saharienne, coté d’ivoire, Gabon, République Centre Africaine) et réfléchir à la place du nucléaire dans notre système de défense !

Pour l’instant, les comptes ne sont pas tenus et il apparaît manifeste que le pouvoir en place n’a pas le courage des décisions nécessaires ! Il se contente de hurler au truquage des comptes pour reporter les réformes favorables et juste augmenter les impôts !

Il gère au jour le jour et pare au plus urgent, sans cohérence, tout en essayant quand même d’endormir la population en lui faisant miroiter des plaisirs futurs !

Ainsi, certains pensent, en haut lieu, que nous avons les moyens de nous lancer dans l’aventure désastreuse des jeux olympiques 2024 pour un coût prévu de 6.6 mds € (et un coût probable 10 mds €).

Or, on sait que ces jeux sont une malédiction pour les villes qui les accueillent ! Rome, Boston, Hambourg et Budapest l’ont bien compris puisqu’elles ont retiré leur candidature f

On se contente donc d’utiliser les vieilles méthodes et d’emprunter à tout va sur les marchés en profitant des taux faibles …mais combien de temps pensez-vous que nous pourrons continuer à dépenser l’argent des autres !

On sait que réduire les dépenses publiques aura un effet récessif dans un premier temps mais les taux bas ou nuls ne dureront pas éternellement et ne rien faire est juste criminel !

Les agences de notation (Moody’s en tête) envisagent d’ailleurs d’ores et déjà de tirer les conséquences de la gestion calamiteuse du gouvernement et de dégrader une nouvelle fois la note de la France !

Et que se passera-t-il à l’arrivée ?

Vous me direz : mais comment peut-on, d’ores et déjà au bout de deux mois et demi, donner un avis aussi définitif alors qu’il reste encore 5 ans de mandat ?

Soyons clair, Macron est un élu par défaut qui n’a pas été choisi par la majorité des français, ceux-ci devant choisir entre Marine le Pen (autrement dit le suicide économique du pays par incompétence) et lui après que la droite eut été durablement déstabilisée … et il ne va pas pouvoir longtemps jouer à l’homme providentiel qui fait de la politique autrement surtout en utilisant toutes les vieilles méthodes éculées de la politique technocratique française …. Et en ne brassant que du vent !

Sa légitimité est très faible, même si la presse subventionnée feint le contraire !

Vous connaissez tous l’histoire de la grenouille qui a voulu se faire bœuf et surtout vous en connaissez l’épilogue !

Autrement dit, la crise de la dette est devant nous et le mur se rapproche … et là vous toucherez du doigt ce que signifient catastrophe financière et spoliation généralisée !

Pour engager de vraies réformes, il faudra nécessairement passer sur le ventre de Bercy, la citadelle oligarchique et le véritable centre du pouvoir ; ce microcosme intouchable composé exclusivement de fonctionnaires et hauts fonctionnaires qui vivent très confortablement, à vos frais, dans leur petit monde coupé des réalités économiques !

Einstein disait « La folie c’est se comporter toujours de la même façon et s’attendre à un résultat différent » mais aussi « on ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés »

Bien cordialement !

Απο την Ελλαδα (de Grèce)

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

3 réflexions sur « L’échec prévisible du macronisme ! »

  1. Bsr,
    ce pays est K-O par la faute des politocards depuis 40ans gaspilleurs au possible!

    Mais les électeurs sont complices en votant pour toujours les mêmes pourritures!

    @+

  2. Entièrement en accord avec ce que R Armenante vient de citer, la preuve la plus récente est que la propriété industrielle ou intellectuelle est bafouée par le permis de plagier.
    Plagier est un mot qui ne figure pas dans le language judiciaire.
    Que les procureurs,magistrats dignes de ce nom et patron de INPI soient élus par les citoyens.

  3. La France un pays dirigé par des politiques de combines et des comportements dignes de la maffia qui rendent aveugles les citoyens et surtout les journalistes.
    La France est foutue à court terme, c’est l’histoire de Pinocchio (Les jeux »dont les JO « , amusements, …etc.) , la solution de la conclusion aussi .
    Ce pays s’enfonce tous les jours dans la médiocratie et rien ne l’arrêtera de couler , le trou dans la coque est trop grand. C’est ainsi , ce pays renaîtra de ses cendres dans un siècle ou deux.
    De+ Les Magistrats font de la politique et obtiennent des promotions des politiques . La justice en France il faut beaucoup d’humour pour y croire. Il faut que les citoyens élisent les Magistrats comme en 1789 après la révolution jusqu’à ce que NAPOLEON en fasse des fonctionnaires en 1799.

    LA France EST UN PANDEMONIUM !

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