Les bons et les méchants

L’imbécillité s’est emparée de notre société. L’observation de ce phénomène laisse sans voix, la sidération s’empare de l’observateur, malheur à celui qui dit cette vérité que tous observent : “la connerie est maître à bord en France”.

Par quel bout commencer pour essayer de mettre un peu de cohérence dans ce constat trivial ?

Commençons par l’organisation générale.

Nous serions une société néolibérale. Qu’est-ce ? Peut-être un mélange, à doses variables, des deux uniques organisations sociales possibles, deux sociétés parfaitement répertoriées :

-D’un côté la société libérale, dont les bases ont été jetées par la révolution de 1789, c’est-à-dire la propriété privée pour pilier, le respect et la liberté de l’individu pour concept, un état sous haute surveillance économique pour les activités régaliennes. En résumé le respect des hommes, des choses et des situations, sans l’obligation d’y adhérer.

-De l’autre côté la dictature, quel qu’en soit l’adjectif, de royale jusqu’à “prolétarienne”, où l’individu est l’obligé du pouvoir, la propriété privée relative ou inexistante, l’Etat personnalisé ou abstrait étant le centre synergique de tout.

“Tout pour l’Etat, tout par l’Etat, rien en dehors de l’Etat” disait Mussolini. Lénine pensait et agissait de même. Louis XIV aussi. Et bien d’autres…

La dictature, que beaucoup appellent de leurs vœux en la souhaitant éclairée et pour des motifs aussi différents par exemple que l’ordre ou la redistribution, est la société la plus répandue. Cela depuis toujours, tout au long des siècles passés connus.

La société libérale n’est qu’un rêve, très conceptualisé à l’époque des “lumières”, qui n’a jamais vraiment vu le jour. Nul ne sait si, dans la pratique, elle pourrait exister.

En effet, le seul fait de se regrouper génère la naissance d’un dictateur plus ou moins éclairé à qui il faudra se soumettre, que l’on peut appeler chef de clan, d’équipe, de famille, de groupe, d’église, de pays…, qui n’en sera pas moins dictateur. Sans lui pas de groupe, éventuellement des foules mais c’est tout.

A vrai dire, le “néolibéralisme” n’existe pas. Pas plus que n’existe la “néodictature”.

L’immensité et la complexité de nos sociétés modernes leur font inclure des sociétés plus réduites qui sont libérales ou dictatoriales, mais qui ont l’obligation de se supporter.

Il n’est pas de société “néo…machin ou truc”, mais de vastes groupes incluant des sociétés plus petites qui elles sont typées dictature ou libérale. Donc dictature et libéralisme vivent dans un même temps et en un même lieu.

Problème :

Force est de constater que le libéralisme et la dictature ne sont pas solubles, juste difficilement miscibles, que ces deux états sont présents dans toutes nos sociétés occidentales, que la lutte entre la liberté individuelle et la soumission au groupe est éternelle.

Donc, La France n’est pas un pays néolibéral. C’est un pays incluant des pans d’organisation de type libéral et d’autres de type dictatorial.

On y voit plus clair

Ce que j’appelle “la connerie” est en fait le cumul des “situations incohérentes” qui découlent du mélange non soluble de nos deux organisations sociales.

Non seulement nous sommes obligés de subir la dictature ou le libéralisme du voisin mais, pour la plupart d’entre nous, ces deux fonctionnements s’opposent à l’intérieur de notre propre sphère personnelle.

Ainsi nous pouvons, tour à tour, nous retrouver dépendant ou profitant d’une dictature pour partie, mais aspirant ou profitant dans le même temps d’espaces de vie libérale.

Cette ambiguïté condamne celui qui est attaché à un seul système et propulse dans le désarroi et la souffrance celui qui vit dans les deux, son équilibre moral n’étant pas assuré, loin de là.

Petit exemple personnel d’absurdité

Naturellement libéral, j’ai eu une vie sans dépendance à l’Etat. Au terme je pensais finir, avec un petit capital accumulé, toujours indépendant de l’Etat. Un redressement fiscal irréel, au profit du dictateur Etat, dont je ne suis pas encore arrivé à me débarrasser, risque de liquider mon petit capital. Conclusion, je deviendrai dépendant de l’Etat dictateur qui, si je vis longtemps, va s’exposer à des frais importants pour me prendre en charge après m’avoir ruiné. N’est-ce pas con ?

Tout cela au bout de 18 ans de procédures, dont je ne veux même pas calculer le coût pour les deux parties.

Comme vous le savez, en secouant deux produits miscibles on obtient une émulsion.

Du fait des secousses incessantes entre la partie dictatoriale de notre pays et sa partie libérale nous sommes sous le coup de l’émotion – oups : émulsion –, c’est ce qui nous donne à tous l’air con et qui génère une énorme masse de situations absurdes.

La réalité

Il est loin d’être certain que ces deux types de société soient réellement miscibles, il se peut que l’instant présent ne soit dû qu’à un concours de circonstances.

Les caractéristiques des individus composant ces deux formes de société sont si différentes que leur cohabitation sur une longue durée est peu probable.

Par exemple : comment celui qui est libéral serait-il responsable mais aussi soumis, comment celui qui est soumis accepterait-il dans le même temps d’être responsable ? Ces oppositions se retrouvent à chaque instant, en toute chose, rendant la vie de tous ridicule et insupportable.

Et par-dessus tout ça – on vous donne en étrennes – des leaders qui prétendent soumettre l’une ou l’autre de ces sociétés au profit exclusif d’une seule des deux, celle évidemment qui les arrange.

Théorème :

Libéralisme et dictature sont deux organisations sociales non solubles. Elles sont miscibles. Agitées elles entrent en émulsion, perdent leur transparence, deviennent un ensemble apparemment homogène mais en réalité définitivement hétérogène et instable. L’émulsifiant stabilisateur reste à ce jour inconnu.

Au bout de ce billet, je suis accablé…. par cette découverte.

Bien à vous. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

5 réflexions sur « Les bons et les méchants »

  1. Mais quel exemple nous ont donné les élus qui ont dirigé la France de puis 1970 . Continuons à réfléchir , car pour ces politiques réfléchir pour le pays est très difficile , voir impossible , c’est pour cela qu’ils n’ont regardé que leur intérêt à court terme et ils agissent par conséquence hâtivement .
    Mais donner l’exemple n’est pas principal moyen d’influencer les autres , c’est le seul moyen . Et quel exemple nous montre ceux qui dirigent la France et ceux qui veulent la diriger. On ne peut demander des efforts à ses concitoyens que si l’on est exemplaire et si l’on a le goût de l’absolu.
    Le populisme que certains dénoncent n’est pas une génération spontanée. Il nait de l’impuissance du système politique existant à satisfaire aux besoins exprimés par le peuple.

  2. La caractéristique première du libéralisme, c’est le respect du droit qui est justement censé protéger le citoyen contre toute tentation dictatoriale (pour faire court) et lui permettre, dans un cadre défini et connu de tous, de s’épanouir selon ses talents et son ardeur au travail
    C’est la protection absolue contre le régime de la spoliation et de l’arbitraire
    A ce titre, l’ancien régime que vous fustigez accordait certes peu de droits aux sujets mais au moins ceux ci étaient ils respectés
    La révolution de 1789 est dès le départ la mise en place du vol et de la spoliation au nom de beaux principes
    Ce qui a été mis en place à l’époque, c’est le libéralisme économique, c’est à dire la loi du plus fort, qui visait à balayer la société agraire ancestrale pour aller vers une société capitaliste et industrielle et ce en utilisant la population paysanne comme un outil de production éminemment rentable et ne disposant d’aucun droit (cf. la loi le Chapelier par exemple)
    Donc l’idée du citoyen se développant sereinement à l’abri de lois protectrices est un mythe absolu (en France tout au moins)
    Au contraire, ça a toujours été une lutte féroce entre les individualistes (que vous appelez libéraux) et les collectivistes
    Ces derniers cherchant à voler le fruit du travail des premiers
    Le dernier combat crédible des individualistes a été mené par Robert Poujade dans les années 50 et même s’il est poursuivi aujourd’hui par des gens comme Claude Reichman et vous même, la défaite est actée
    En effet la société française actuelle a été modelée par le gaullisme qui au nom d’une prétendue grandeur de la France, n’est rien d’autre que la glorification du fonctionnaire collectiviste
    Vous enlevez la grandeur, il ne vous reste que le sordide et la méchanceté

  3. Point de vue très original auquel je n’adhère pas du tout, mais pas du tout ! Tout commencerait en 1789. Non ? As-tu lu l’Ancien Régime et la Révolution ? Je me demande si tu n’as pas oublié le livre de TOCQUEVILLE et lu et plutôt celui de René RÉMOND qui a publié un ouvrage médiocre portant le même titre sans faire la moindre allusion à Alexis. Faut le faire !

    1. Dans les faits, bien sûr que tout commence en 1789.
      Puisque c’est la première fois que l’idée de supprimer l’esclavage est émise, avec une tentative de mise en oeuvre difficile.
      Toutes les sociétés précédentes incluent l’esclavage.
      Ce n’est pas un détail….

  4. si je m’avançais a faire un bref parallèle avec la filmographie de Sergio Leone.
    et comparer .
    LEMAIRE et Clint ESTWOOD
    Et maciste et miscible .

    vous sommes les enfants du die FISCAL et “cocu es fil” et le Brutus actuel a l’Elysée par cette maxime léonienne adaptée.
    il y a 2 genre de type
    1/ celui qui a le couteau
    2/ celui qui creuse sa propre tombe

    donc comme nous n’avons pas la main actuellement , creusons notre propre tombe et les frais de succession qui resteront pour les générations futures et gens qui restent

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