Peut-on être socialiste ?

Il m’arrive de me poser cette question.  Chaque fois il me parait que ce n’est pas la bonne question.

En fait, nous sommes tous socialistes.

Si l’on entend par cela notre souhait d’une société plus juste, où le faible n’est pas condamné, où la justice est rendue  équitablement, où le droit du plus fort n’est pas la règle, où le malade n’est pas abandonné, où notre humanité et nos libertés individuelles sont respectées, etc…

En réalité, il ne s’agit alors que de la continuité de nos valeurs occidentales, empaquetées sous une nouvelle appellation qui fait suite à la chrétienté, qui elle-même faisait suite au judaïsme, lui-même issu de ce qui le précédait, etc…

Vu sous cet angle, nous sommes donc tous philosophiquement et personnellement socialistes.
La bonne question serait : cette morale personnelle peut-elle s’organiser collectivement, être imposée par la loi, s’appeler le socialisme ?

Et, là, la réponse est non.

L’église s’y est essayée pendant des siècles avec les malheurs que cela a engendrés. Plus récemment des sociétés ont essayé la théorie de Marx qui n’était que l’idée de mettre cette morale en pratique dans la modernité, de l’imposer par la loi, par l’organisation sociale, ce fut là aussi un échec terrible.

La morale est un problème de responsabilité individuelle.

Toute organisation sociale qui prétend la représenter en dédouane de fait les individus qui la composent.

Le fardeau de la morale est personnel, c’est la grande leçon du christianisme dont l’église catholique a fini par s’affranchir par prétention et gout du pouvoir. Tous ceux qui l’imitent, et le socialisme est de ceux-là, ne peuvent qu’échouer lamentablement.

La morale est comme l’économie, sa complexité est telle qu’aucun plan, aucune loi, ne peuvent en régler par avance l’usage.

Chaque jour des milliards de situations, nouvelles ou répétées, engagent la morale. Il n’est pas raisonnable d’imaginer qu’une intelligence supérieure serait capable de prévoir ces situations et de donner par avance les solutions.

Il est vrai que chercher la morale, jour après jour, en chacune de nos actions est fastidieux et désespérant. Fastidieux parce que la tâche est pour chacun de nous éternelle, sans répit jusqu’à notre mort. Désespérant parce que la solution que nous trouvons à chaque situation morale est si personnelle qu’elle n’est pas fatalement conforme à ce que les autres ont ou auraient fait, générant ainsi des discussions ou des conflits perpétuels.

Alors la tentation est grande de s’en remettre à “qui de droit”. Et, pour “qui de droit”, la tentation est grande de prétendre qu’il sait.

Détenir le pouvoir de la morale permet de dominer les autres qui y seront contraints. Ce n’est pas rien. Mais qu’elle folie.

La planification de la morale pose les mêmes problèmes que la planification de l’économie.

C’est-à-dire que partant de situation multiples et personnelles, la planification devra simplifier, synthétiser jusqu’au point de paralyser la diversité, donc la vie.

Mais la vie ne se laisse pas paralyser sans résister, la planification devra donc casser la résistance.

C’est ici que tout s’effondre. Alors que la morale ou l’économie posent des questions qui doivent remonter de la base vers le sommet, si l’on souhaite une organisation collective juste et harmonieuse, la planification va devoir imposer du sommet ses solutions toutes prêtes vers la base.

C’est tout ce qui fait la différence entre la démocratie et la dictature.

Soyons simples.

Il n’est pas inutile de répéter cette chose effectivement simple : la différence entre la démocratie et la dictature tient uniquement au sens dans lequel circulent les besoins et les solutions. Lorsqu’ils sont imposés du haut vers le bas nous sommes en dictature, lorsqu’au contraire ils vont du bas vers le haut nous sommes en démocratie.

Ce constat peut se faire pour toutes les activités qui réunissent les hommes, la morale en fait partie, l’économie en est aussi. La planification, qu’elle soit morale ou économique, est toujours une dictature du fait de son sens de fonctionnement.

Conclusion :

La morale véhiculée par les socialistes ne me gêne pas, j’y adhère dans sa plus grande part, mais le socialisme est une forme de dictature inacceptable que j’abhorre.

Cordialement. H. Dumas

 

Question estivale facile : Quels sont le nom de l’auteur et de l’ouvrage d’où est tirée l’analyse suivante ?

“Or, le citoyen n’est pas seulement un plaideur qui défend son droit contre l’empiètement des autres citoyens; il n’est pas seulement un justiciable qui, coupable d’une infraction, en répond devant la société. Il est aussi un individu qui se débat au centre d’un implacable réseau d’interdits et de commandements que dicte au nom de la loi – parfois en la trahissant – l’administration. Il est enfin une personne physique qu’empoigne tout le long de sa vie cette personne morale colossale, écrasante qui s’appelle l’Etat.”

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

2 réflexions sur « Peut-on être socialiste ? »

    1. Bonjour,
      Le texte est si trompeur que votre réponse était plausible.
      Mais ce n’est pas ça.
      Réponse dans le prochain billet.
      Merci d’avoir participé.
      Bien cordialement. H. Dumas

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