Sports de l’extrême et vie de tous les jours

Les sports de l’extrême me stupéfient.

Enfin pas en eux-mêmes, mais en ce qui concerne leur intégration symbolique dans notre société. Je veux dire que je ne vois pas bien la nécessité d’organiser des activités où la moindre erreur se traduit par la mort instantanée et d’appeler cela un sport, d’en faire une activité dite de loisir en s’adressant au plus grand nombre par la participation ou le voyeurisme.

Pourquoi singer ainsi la vraie vie dans un divertissement ? C’est la question que je me pose, il me semble qu’elle mérite un peu d’attention.

Sans être un sportif de l’extrême, loin s’en faut, j’ai été élevé à une époque ou la moindre erreur dans la vie de tous les jours entrainait de graves conséquences.

Cela pouvait être en moto où nous n’avions pas de casque, en voiture qui ne restait sur la route que par miracle, mais aussi face à la maladie ou au travail quand la moindre erreur vous entrainait dans une misère sans aide et sans retour. Tout cela nous paraissait normal.

En fait, tout cela était normal. Ce qui n’est pas normal, qui est un vrai drame, c’est qu’il en est toujours ainsi pendant que l’on fait croire à la foultitude qu’il en serait autrement.

La déviance de nos démocraties.

Pour obtenir démocratiquement le pouvoir et ses avantages, politiques et administration, main dans la main, font croire aux électeurs de nombreux pays, dont le notre, que la vie ne serait que facilités et que, grâce à eux, tout danger serait écarté, que toute attention au danger serait superflue, tout prise de risque inutile.

La foule s’installe dans cette béatitude de sécurité, croit pouvoir l’exiger.

Du coup, formatés génétiquement pour affronter les dangers de la vie, certains jeunes gens des nouvelles générations se croient obligés de jouer cette dernière à pile ou face lors des sports de l’extrême. Cette attitude est pure perte, une simple masturbation collective du risque mortel de la vie.

Alors que perdre la vie devrait avoir au moins un sens, être à minima un profit pour l’humanité, cette perte est gratuite dans les sports de l’extrême. C’est un sacrilège.

Tout cela est ridicule.

La sécurité collective que l’on nous vend n’est qu’une propagande, une façade, un leurre. Or est-il un danger plus grand, plus terrible, que celui qui consiste à se croire protégé quand on ne l’est pas ?

Mais il y a encore pire.

Cette apparence de sécurité a un coût organisationnel, très important. Ce leurre, cette abstraction, doivent être financés sociologiquement.

C’est là que la décadence commence.

Pour donner l’illusion de cette sécurité, donc pour protéger les plus exposés, les plus maladroits, les moins compétents, il n’est pas d’autre solution que de prélever les moyens sur ceux qui sont les plus solides en les dépossédant de leurs propres protections, celles qu’ils ont ou vont construire pour protéger leur propre vie.

La tromperie est une question d’échelle.

En fait l’apparence de sécurité offerte au groupe l’est à partir d’un déséquilibre des sécurités individuelles naturelles.

C’est-à-dire qu’une collectivité à l’apparence sécuritaire sacrifie la solidité et la compétence de ses individualités pour le prix de cette apparence.

C’est pourquoi,  les individus en arrivent à tester leur résistance, inemployée ou démotivée, à l’occasion de jeux où ils cherchent à étalonner leur adresse, leur solidité, sans le retour du risque pris au bénéfice du progrès pour la collectivité.

La résistance individuelle au risque est utilisée pour rien, dénaturée de son sens, des réalités, elle devient inutile alors qu’elle est vitale.

Conclusion

L’impression de sécurité du groupe se nourrit de l’insécurité individuelle, car elle entraine la perte d’aptitude des individus aux réflexes vitaux.

Or, un groupe n’est que la somme des capacités de ses individus. Ainsi la perte des réflexes sécuritaires, utilisés exclusivement pour des jeux, est la certitude pour le groupe pratiquant une telle insouciance d’exploser à la première vraie difficulté rencontrée.

Nos sociétés apparemment sécurisées sont les plus fragiles qui aient jamais existé. Les quelques éléments tenant à étalonner leur résistance et leur courage ne peuvent le faire qu’à l’occasion de jeux, partout ailleurs le risque est déconsidéré, voire interdit et sanctionné. Pas d’entrainement, pas d’expérience aux vrais risques de la vie = danger.

Bien cordialement. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

Une réflexion sur « Sports de l’extrême et vie de tous les jours »

  1. Bonsoir votre article reflète bien la folie de l être humain l homme n existe que
    Par la folie qu il porte en lui dans tous les domaines. Il ne peut jeune ou vieux
    S empêcher de jouer avec la mort. C est vraiment une grave pathologie. La vie
    Telle qu elle est avec toutes ses richesses humaines ne peut pas le satisfaire.
    C est une nécessité pour lui de prendre des risques fous peu importe ce qu il en
    Résulte avec d ailleurs un égoïsme tel qu il ne pense pas ou la néglige a la
    Souffrance qu il fait subir aux autres peu importe son égocentrisme est tel
    Que le reste il s en moque c est terrible de penser que l être humain ne sait
    Pas diriger sa vie autrement que vers la mort et la souffrance d autrui?!

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