BOOBA et KAARIS

Le sentiment d’injustice, la tentative de justice

Voilà deux valeurs qui n’ont aucun point commun mais qui sont étroitement liées.

Nous sommes tous traversés, journellement et pour des motifs divers, par le sentiment d’injustice. Dès que nous prenons conscience d’être il en est ainsi, au point qu’il ne soit pas impossible de penser que justement être pour l’homme ne consiste qu’en cela : réagir au sentiment d’injustice, pour lui-même ou pour les autres.

Je suppose que, comme toujours, d’illustres personnages ont réfléchi à la question et en ont tartiné des pages entières que certains me conseilleront d’aller lire avant de donner le fond de ma pensée. Ce n’est pas que m’exprimer par citations et références me gêne, ni que je me crois au contraire supérieur à tout ce qui a été déjà dit, mais juste que j’ai utilisé mon temps — puisque nous n’en possédons tous qu’un et limité — à observer plus qu’à étudier. Certains prétendent que l’un n’empêche pas l’autre, ils ont torts. Chaque temps pris s’oppose à tout autre temps. Choisir c’est se priver.

Dans ce blog je vous fais part du fruit de mes observations, en toute simplicité. Je suis heureux de le partager avec une partie d’entre vous, et je n’oblige pas les autres à s’abonner, donc tout va bien. Pas de propagande, pas de démagogie, juste le plaisir de partager des accords ou des désaccords en toute simplicité.

L’injustice

Le sentiment d’injustice que j’évoque dans ce billet ne ramène pas forcément à la justice. Quand la populace est animée par un sentiment d’injustice, lié par exemple au fait qu’elle ne possède pas ce que certains possèdent, qu’elle rêve de les pendre  haut et court à seule fin de s’accaparer leurs biens, ce sentiment n’est pas synonyme de justice, même s’il donne l’impression de réagir à une possible injustice.

Il serait fâcheux de ne parler que de la populace, parlons de l’élite.

Deux rappeurs, Booba et Kaaris, font assaut de méchanceté mutuelle, strictement médiatique à la façon de deux catcheurs. Puis, escalade involontaire et hasard les amènent à un affrontement public à Orly, très mesuré.

Toute la planète communication, adossée à la planète business, fait monter la pression. Le tout abouti devant des flics et un juge qui se ridiculisent et nous ridiculisent en prenant pour une réalité ce qui n’est qu’une comédie.

Comment un juge peut-il se fourvoyer à ce point ? Ridiculiser la prison et son institution la justice aussi rapidement !!!

Alors que ce juge avait en main les moyens d’obliger les deux belligérants à poser les masques — à admettre la part de cinéma dans leur attitude, à obtenir une paix définitive entre les deux et à les condamner par une sanction économique exemplaire en millions d’Euros — il a crédibilisé cette fausse haine, publicitaire, en dévalorisant dans le même temps son outil de répression.

La tentative de justice

Ce magistrat passe pour un âne. Est-ce sa faute ? Non, je ne le crois pas. Je le crois victime de la difficulté d’être juge.

Depuis la nuit des temps les hommes ont admiré ceux qui sont auréolés de la faculté de juger de façon juste et équilibrée, même hors du cadre des lois ou des conventions. Nasreddine et Sancho Panza ne me contrediront pas.

La justice est si particulière que, comme la vérité, celui qui juge doit la rechercher pour chaque conflit ou faute. Elle n’est pas que dans les livres ou les textes de loi, elle est dans les têtes et dans les cœurs.

Notre magistrat ici a tout faux. Au mieux, dans quelques mois, plus personne ne pensera à ce jugement que pourtant il a eu tant de peine  rendre. Au pire, il va mettre le feu tant il est décalé de la réalité et donne du crédit à la démagogie.

Nous pouvons tirer quelques conclusions de tout cela

Rendre la justice demande des aptitudes humaines particulières qui ne s’apprennent pas à l’école de la magistrature de Bordeaux.

Rendre la justice ne peut en aucun cas se traduire par l’instauration de l’exemplarité, de la terreur. Cela s’appelle éventuellement l’ordre, qui n’a jamais été synonyme de justice.

Mais surtout

Le recours à la Justice s’impose à l’occasion de conflits. Le conflit, du fait de la difficulté à rendre la justice, est donc le foyer de l’injustice.

Moins une société générera de conflits, plus elle aura des chances d’être juste.

Une avalanche de lois et de règlements est la source inévitable de conflits, donc de recours incertains devant la justice et, au final, de sentiment d’injustice.

La bureaucratie, championne toute catégorie de textes et règlements, est une formidable machine à créer de la procédure et donc du sentiment d’injustice.

Ne parlons pas de Bercy qui est l’absolu de ce processus imbécile.

Sakharov, toujours Sakharov —  qui n’eut de cesse de dénoncer la folie bureaucratique — et notre populace qui, avide de soi-disant justice, réclame à cor et à cri de la réglementation, toujours plus de réglementation…. quel contraste saisissant.

La bureaucratie et ses fonctionnaires doivent disparaître, c’est la simple logique vers plus de justice ou, à coup sûr, moins d’injustice. C’est ici que le libéralisme se justifie pleinement.

Bien à vous. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

2 réflexions sur « BOOBA et KAARIS »

  1. conflits d’intérêts qui auraient dû légitimement amener les trois magistrats à se déporter d’une affaire dans laquelle ils étaient parties prenantes Eliot Blondet/ Pool-Sipa = Cliquez pour lire la suite : https://www.marianne.net/politique/la-cour-de-cassation-prise-en-defaut-de-connivence
    La Cour de cassation prise en défaut de connivence Par Marc Chevallier et Rédacteur En Chef D’“Alternatives Économiques”
    Publié le 29/07/2018 à 12:00 Les juges de la chambre sociale ont examiné le cas d’une entreprise pour laquelle trois d’entre eux avaient fourni des prestations grassement rémunérées.

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