JE POSTULE, MOI AUSSI, POUR DIRIGER UNE ENTREPRISE D’ÉTAT.

 

Monsieur le Président,
Mes parents m’avait inculqué une mauvaise conception de la réussite.
Elle était basée sur des principes du siècle passé.
Ils m’ont fait subir depuis mon plus jeune âge un lavage de cerveau.
Ils m’ont fait croire que pour réussir, il fallait que je travaille sans compter.
Que l’effort, l’honnêteté devaient me mener au succès.
J’en étais persuadé.

Bêtement, sans m’interroger, en suivant ces mauvais principes, j’ai créé, à la « force du poignet » des entreprises qui sont devenues  florissantes, sans profiter d’aucune aide.
J’ai donné du travail à des centaines de personnes qui étaient heureuses de travailler chez moi et qui ne se plaignaient pas de leur salaire.
J’ai récolté pour vos services des dizaines de millions de T.VA.
J’ai, personnellement, travaillé plus de 70h par semaines pendant de nombreuses  années.
L’argent que j’ai gagné je l’ai dépensé en fringues, voitures, bouffes et voyages.
Je dépensais tout ce que je gagnais…
Mes sociétés ont participé à la vie économique du pays en commandant du matériel ou des services à d’autres sociétés.

J’ai conscience d’avoir mal agit et d’ailleurs vos services fiscaux m’ont puni en me ruinant.
Cette punition, que j’ai mal vécu, car elle me laissait, ma famille et moi sans ressources, quasiment à la rue, cette punition, maintenant je l’ai comprise ; elle  était juste.

Si vos administrations ne veillaient pas « au grain », n’importe qui pourrait devenir riche.
Ce ne serait pas tolérable.
Il suffirait d’avoir une idée,  du courage et de beaucoup travailler.
Cela serait insupportable pour les gens qui votent pour vous, pour tous ceux que vous avez eu la gentillesse d’exonérer d’impôt  et que dans votre grande générosité vous assistez financièrement.

Je sais que je n’ai pas fait l’ENA, ce que je regrette amèrement (toujours la faute de mes parents) et que j’ai donc fauté gravement en montant ces entreprises, mais j’aimerais que vous me donniez une seconde chance.

Je voudrais que, comme à vos copains de l’ENA, vous me donniez une de vos entreprises d’Etat à diriger, style SNCF, Air France, EDF voir une (petite) banque.
J’essayerai de faire oublier mon passé d’entrepreneur heureux en faisant des excuses publiques.
Je promettrai de ne pas recommencer ces bêtises là, c’est-à-dire, de faire gagner de l’argent aux entreprises sans en coûter aux citoyens.
J’ai compris mon incommensurable sottise.
Je vous en prie, Monsieur Le Président, je ne le ferai plus.
Je me suis fatigué connement. Toujours mes parents.
Excusez-moi.
J’ai droit, comme  tous ceux qui ont coulé vos entreprises et que vous avez toujours recasés dans une autre encore plus sympa  ou dans un truc-bidule qui ne sert à rien sans que personne ne s’en offusque, à cette deuxième chance.

Je voudrais bien, maintenant, me reposer.
Avoir un boulot sans responsabilité personnelle et un gros salaire.
Me la péter auprès des médias qui seront admiratifs des pertes de mon entreprise.
Pouvoir dire que celles-ci sont issues du contexte mondial ou de mes prédécesseurs.
Je ne serai pas en peine de trouver des excuses fumeuses et vaseuses, comme vos potes qui sont très très brillants lorsqu’il s’agit de faire porter le chapeau au lampiste du coin. J’ai appris cette leçon. Je vous assure, de ce côté-là, je ne vous décevrai pas.
Je voudrais, moi aussi,  jongler avec les milliards des contribuables comme si c’était des billets de Monopoly (sans la case prison).
Avoir un appart de fonction, une voiture de fonction, des supers frais de fonction, bref plein d’avantages de fonction.
L’URSSAF n’aura rien à dire.
Plus de contrôles URSSAF, RSI ou fiscal.
Que de temps gagné.
Temps que je pourrai passer sur les plateaux télé à décrire tous les grands projets que je mettrai, plus tard, en chantier pour « la France ».
Faire des promesses ronflantes qui raviront tous les médias  qui s’en gargariseront à qui mieux mieux pendant des jours.
Jusqu’à la déclaration d’un de mes nouveaux « collègues » et ainsi de suite.

Une fois dans ce boulot, je pourrai caser ma femme, mes enfants, mes copains et les copains de mes copains.
J’aurai, aussi, des nouveaux amis, comme moi bien placés, là où l’on peut se gaver sur le dos de la bête (celle qu’on appelle France)  et je leur enverrai des ascenseurs qu’ils me renverront lorsque j’en aurai besoin.

Je vous en prie, Monsieur le Président, donnez-moi ma chance, je vous jure, je ne ferai pas de vague.
Je ne travaillerai plus (pas plus de 28h par semaine)  je ne créerai plus d’emploi (sauf aidé), plus de richesse (ça ne sert à rien, je n’en n’aurai plus besoin), je ferai comme tous les autres :
je creuserai le déficit !
J’essayerai, pour que vous soyez content de moi, de le creuser plus vite et plus profond qu’eux.

Emmanuel Bolling

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3 réflexions sur « JE POSTULE, MOI AUSSI, POUR DIRIGER UNE ENTREPRISE D’ÉTAT. »

  1. Emmanuel,

    en tant que salarié, j’ai cumulé les heures comme les emplois et après des controles fiscaux à la chaîne, j’ai compris que je servais qu’à engraisser les parasites du fisc PARASITES FISCAUX & d’ETAT!!!

    Alors maintenant STOP!

    Plus d’heures supplémentaires à gogo, suppression des emplois cumulés!

    Terminé l’engraissement de ces pillards fiscaux!

    En fait en France travailler moins fait profiter individuellement mieux de sa vie, de sa famille et qui plus est j’effectue moi-même toutes les taches que j’attribuais aux artisans & autres indépendants!

    En fait maintenant je m’économise…autant que ma santé que mon argent!

    Et je fais un doigt tout sourire à tout ces pillards, écumeurs et sangsues!

    Hé oui en France, travailler trop nuit à soi-même donc ralentissons et devenons paresseux!

    C’était mon secret fiscal du jour 😉

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