La démocratie : une machine à opprimer

Force est de constater que la vie ne laisse que deux possibilités être opprimé ou être oppresseur.

Prenons d’abord un exemple dans la nature. Mettons le loup. Pas besoin d’avoir fait l’école d’agriculture pour comprendre que soit le loup opprime l’éleveur, soit l’éleveur opprime le loup. Toute la rhétorique écologique ne peut rien à ce constat.

Existe-t-il un point d’équilibre de l’oppression ? Non.

Il existe simplement un point d’acceptation, dont les contours sont personnels à chaque être vivant. Qui plus est, évolutifs pour chaque instant de la vie de chaque être vivant.

C’est ce point d’acceptation de l’oppression que la démocratie prétend avoir la capacité de mettre en œuvre.

J’ai eu l’opportunité de vivre tour à tour, et alternativement, du côté des oppresseurs et du côté des opprimés.

Petit retour à la nature.

J’ai été un chasseur de sanglier impénitent. L’animal est particulièrement intelligent et robuste. Logiquement sûr de lui, il ne craint pas grand-chose, n’a pas de prédateur et se reproduit en quantité. Il est la bête noire de l’agriculteur.

Le chasser parait logique et c’est un plaisir, lié à la difficulté que cela représente du fait de son intelligence. Mais, assez rapidement, ce plaisir se heurte à la résistance physique de l’animal. Il meurt rarement sur le coup de fusil.

Il agonise alors péniblement, dans des souffrances quasi humaines et, là, le chasseur oppresseur s’interroge. S’il persiste, il devra participer au cérémonial barbare de la mort du sanglier destiné à absorber l’émotion de cette mort, conséquence de l’oppression du chasseur sur le sanglier.  D’abord, si c’est un mâle, il devra lui ôter encore vivant les testicules puis l’achever avec le même poignard de chasse. Puis, un peu pâle, discuter avec indifférence au-dessus de la carcasse chaude en compagnie des autres chasseurs accourus. Ce n’est pas satisfaisant.

En ce qui concerne les hommes, entre eux les choses ne sont pas si différentes, l’oppresseur finit par tuer. Seule, pour une minorité, la conscience des dégâts peut éventuellement l’arrêter.

Dans la pratique l’oppression se résume au théorème suivant :

“Individuellement le fort opprime le faible, collectivement les faibles oppriment le fort.” 

C’est de cette loi que découle l’idée de liberté.

Jamais vraiment définie, parce que tout simplement indéfinissable, la liberté n’est que l’espace imaginé par l’homme hors de toute oppression. Cet espace n’existe pas dans la réalité, il n’existe que dans la tête de chacun de nous.

Ce que j’ai vécu en tant qu’oppresseur, du côté du pouvoir :

La satisfaction de mettre facilement en œuvre ses idées. La facilité pour accéder aux espaces économiques rentables. Le respect par soumission du plus grand nombre, la haine d’une minorité. La servilité des opprimés. La complicité administrative faisant de l’administration une alliée. La sympathie avec les forces de l’ordre qui cantonnent les opprimés. L’impression de liberté qui envahit, s’il n’y prend garde, l’oppresseur.

Ce que j’ai vécu en tant qu’opprimé, opposé au pouvoir :

Evidemment, l’impossibilité de faire entendre ses idées. L’impossibilité aussi d’accéder aux espaces économiques rentables. Le mépris du plus grand nombre, la sympathie d’une minorité qui vous comprend, tout en vous ignorant élégamment. La difficulté d’être servile. L’impossibilité de résister seul. La nécessité, pas évidente, de rejoindre ou de former un groupe d’équilibre pour contrer l’oppression, sans viser la prise de pouvoir et la capacité d’opprimer. Le constat que les opprimés rêvent, majoritairement, de devenir oppresseurs.

La démocratie.

Sa prétention, dès le départ, a été de défaire l’oppression. Et, dès le départ, ce fut un échec.

Intellectuellement, il apparaissait que la démocratie aurait pu diluer suffisamment les pouvoirs pour que personne ne puisse oppresser personne. La pratique a démontré qu’il ne résultait d’un tel système qu’une monstrueuse pagaille, encore plus mortifère qu’une oppression classique du pouvoir.

Alors les démocrates se sont faits à l’idée que la démocratie ait pour seul avantage l’alternance des oppresseurs. Ils imaginaient que cette alternance se neutraliserait, chacun ne voulant pas trop s’exposer aux vengeances potentielles du retournement.

Ce n’était pas stupide, mais ce n’est pas ce qui s’est passé.

Une classe d’oppresseurs professionnels est née.

Elle s’appelle l’administration, elle est composée de fonctionnaires. Ces mercenaires, ayant obtenu un statut à vie, se sont avérés indépendants des courants électifs.

Les élections démocratiques peuvent amener au pouvoir qui que ce soit, l’administration bureaucratique reste la même. C’est donc elle la véritable détentrice du pouvoir.

Il lui a suffi de rendre ce pouvoir suffisamment complexe pour que les alternances n’aient jamais le temps de le modifier en profondeur. Puis, une communication vers les oppressés, qui sont de nature servile, démontrant l’apparent désintéressement de l’administration a été mise en place, accompagnée d’une captation majoritaire de ces serviles dans le système : le pouvoir absolu est ainsi né.  

Qui dit pouvoir absolu, dit oppression, évidemment.

Nous en sommes là. Que faire ? Pas grand-chose, rien même.

On peut toujours parler de liberté, ce terme qui n’évoque que ce que chacun a dans la tête à ce sujet. Mais pourquoi faire ?

Comme les chasseurs, les fonctionnaires oppresseurs sont surs de leur bon droit, leur satisfaction personnelle leur tient lieu de raisonnement et de justificatif. Ils sont heureux, même fiers.

Les chasseurs de sangliers auraient pu disparaître dans le même temps que le sanglier qu’ils avaient abusivement chassé dans les années 1970. Dans un instinct de survie, ils ont élevé et protégé les sangliers pour pouvoir continuer à les oppresser, à les tuer.

C’est exactement ce qui se passe en ce moment avec les fonctionnaires oppresseurs qui élèvent et bichonnent les jeunes français pour pouvoir continuer à les oppresser.

Car ne vous y trompez pas, l’oppresseur aime opprimer. Il n’est pas à cette place par hasard.

Il n’y a pas d’issue. Partez.

Bien vous.  H. Dumas

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 4,33 sur 5 (6 avis)
Loading...

A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

3 réflexions sur « La démocratie : une machine à opprimer »

  1. La belle démocratie que voilà : quand un député est élu, ses électeurs ne peuvent pas intervenir au cours de son mandat, la seule action/sanction consiste à ne plus voter pour lui : mais pas de prison, pas de révocation, pas de réparation financière, aucune punition/sanction ne peuvent être prises contre lui …

  2. Plus se multiplient les lois et les ordonnances , plus foisonnent les abus de pouvoir des administrations . Mais pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête ou freine l’abus de pouvoir..
    La France est comme L’aveugle qui tourne en rond, il s’imagine qu’il marche vers son but parce qu’il avance.
    Les Politiques , les gouvernements, les Ministres , le Président de la république, les élus en général sont actuellement neutres en situation d’injustice, alors ils ont de fait choisi le côté de l’oppresseur et de l’oppression.

  3. Il était une fois un loup, un chasseur et un fonctionnaire… Depuis les fables de La Fontaine passées sous silence culturel, on a oublié combien mettre les animaux en scène était expressif.
    le problème, c’est la fin : “partez !” Comme seule solution aux problèmes des vieux et des pauvres, c’est pas gai, d’autant que beaucoup cumulent les 2 situations de fait. Je suis donc obligé de vous contredire un peu pour ne pas en rester à cette voie sans issue, sans espoir.
    Vous réduisez la vie sociale à 2 catégories, oppresseurs contre opprimés. Ce n’est pas vrai :
    – ni chez les hommes qui pensent leur intérêt personnel sur le long terme et dans l’espace au-delà du leur,
    – ni chez les animaux qui globalement, ne tuent que pour se nourrir. Les animaux paraissent nettement plus évolués que les hommes puisqu’ils pensent à l’intérêt général au point de réguler leurs reproductions en fonction de l’avenir de l’espèce et du milieu. Leur intelligence de la réalité et de la vie est beaucoup plus évoluée que la nôtre, puisqu’ils gèrent leur santé beaucoup mieux que nous, sans être assistés par des médicaments qui tuent. En quoi sommes-nous intelligents quand nous nous empoisonnons avec de la chimie censée guérir des maladies qu’elle provoque ?

    J’observe que tous les problèmes oppresseurs/oppressés que vous soulevez proviennent précisément de la trahison des règles de la République et celles de la démocratie… On ne va pas se plaindre des problèmes qu’on génère puisque c’est notre choix de ne pas s’y référer.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *