LE CAPITALISME A LA FRANÇAISE ET LA SOCIALISATION DES FRAUDES. Anonyme.

Publié dans Édito

Le capitalisme à la française et la socialisation des fraudes

En France, pour devenir riche, il vous faut absolument remplir deux conditions : la première, c’est d’être capitaliste, au sens « français ». Et la seconde, c’est d’être socialiste. Attention : être seulement socialiste ne vous permettra que de mousser un peu dans les dîners mondains. Et être seulement capitaliste (à plus forte raison, au sens traditionnel) ne vous permettra que de subir la haine des socialistes. En revanche, les deux ensemble …

Les deux ensemble peuvent vous propulser à des sommets.

Dernièrement, on l’a vu avec DSK, qui est, pendant toute sa carrière, fort bien parvenu à concilier un talent certain pour accumuler des richesses, que ce fut par mariage ou par carriérisme. On pourrait aussi se rappeler de Julien Dray, le Centurion Rolex, ou de tant d’autres qui surent faire passer leur intérêt bien compris largement avant celui d’une collectivité généreuse à son corps défendant.

Le socialisme mène en effet à tout, et lorsqu’il est synchronisé avec un capitalisme « à la française« , il mène même à la richesse ou, si l’on se contente de parler en millions plutôt qu’en milliards, au moins à l’opulence. Le capitalisme « à la française« , pour rappel, est ce mélange de gros sous, de politique à forts relents de lobbyisme, et de connivences plus ou moins publiques entre pouvoir et argent.

La droite bonapartiste et collectiviste est, ces dernières années, devenue une spécialiste du genre : depuis la soirée du Fouquet’s jusqu’aux immixtions scabreuses dans les fortunes industrielles (Lagardère, Dassault, Bettencourt), le capitalisme, en France, est devenu ce mélange presque homogène de corruption à tous les étages et de la mise au service d’intérêts particuliers d’une administration complètement débordée par son propre goût pour le lucre, ses dettes et son apathie savamment entretenue.

Avec le vote à l’Assemblée d’une bordée de crétineries parfaitement dans l’air du temps, on découvre une nouvelle illustration de ce capitalisme à la française et de ce socialisme des riches décontractés.

On apprend ainsi, plus outré que stupéfait tant est ancrée l’habitude du pillage de biens publics, qu’en parallèle de la suppression du « bouclier fiscal », les députés ont bel et bien entériné le paiement de l’État français à Taïwan de 460 millions d’euros d’amende pour l’affaire des frégates. Et grâce à ce magnifique mouvement d’argent de la popoche des contribuables vers la popoche de l’État puis vers les Taïwannais, le déficit va encore s’accroître d’autant.

Oui, vous avez bien lu : l’État français va donc débourser près d’un demi-milliard d’euros pour rembourser l’énorme carabistouille taïwannaise, dans laquelle la justice n’aura jamais pu déterminer précisément les responsabilités, ni choper les coupables, ni expliquer la chaîne de morts louches. Et comme ce n’est pas assez choquant dit comme ça, je vais le dire autrement :

Vous, cher moutontribuable, allez donc payer pour les meurtres, l’enrichissement indu, le détournement de fonds et les opérations mafieuses d’un petit nombre de cloportes tous aussi capitalistes « à la française » et socialiste (de droite et de gauche) les uns que les autres.

Vous, cher moutontribuable, allez donc devoir travailler un peu plus longtemps pour l’État, un peu plus longtemps pour les joyeux saprophytes qui gouvernent (et ne se font jamais rattraper), pour rembourser la dette qu’ils creusent en votre nom, pour qu’ils puissent continuer à couler des jours plus que paisible à bouffer du caviar, boire du champagne et se taper des soirées fines (avec ou sans gamins, ne nous embarrassons pas de détail) pendant que vous continuerez à devoir travailler péniblement pour bouffer des oeufs de l’ump, boire de la Valstar et vous taper des soirées Diazépam.

Vous, cher moutontribuable, allez donc payer l’amende de corrompus en liberté.

Car oui : c’est aussi ça, le capitalisme à la française : ça passe par la socialisation de la fraude. Lorsque les banques sont en difficultés, le contribuable va les aider, pardi ! Lorsque les politiciens détournent des sommes colossales et touchent des commissions au prix du sang, c’est finalement le contribuable qui va cracher au bassinet lorsque l’addition sera présentée.

Et au fait, n’y aurait-il pas une autre affaire dans laquelle, grosso modo, les mêmes suceurs d’argent public ont touché le gros lot, dans laquelle la justice patauge lamentablement, dans laquelle le pouvoir socialiste de droite est en totale connivence avec le capitalisme à la française, dans laquelle des paquets de gens sont morts de façon plus ou moins louche ?

Et devant cette multiplication d’affaires d’État, comment vous, cher moutontribuable, réagirez-vous dans les prochains mois lorsqu’on vous demandera votre avis ?

Voterez-vous pour conserver au pouvoir les pillards actuels, au motif qu’au moins, vous saurez qui vous vole ?

Voterez-vous pour que le nom des pillards change, estimant tant qu’à faire que le vol soit réparti au mieux dans la classe politique ? Ce serait injuste que ce soient toujours la même frange de prébendiers qui touche, hein…

Ou voterez-vous, tout simplement, … parce que vous êtes complice

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