Le peuple n’a pas besoin de pouvoir mais de respect

Outre que — j’ai déjà eu à m’en expliquer et je le ferai encore — je ne saisis pas très bien qui est le peuple, je ne vois pas ce qu’il ferait du pouvoir.

Prendre ou donner le pouvoir ne peut se faire que de deux manières, par l’acceptation ou par la force, mais surtout et c’est fondamental : exercer le pouvoir répond exactement aux deux mêmes conditions, consentement ou force.

On comprend aisément que prendre et exercer le pouvoir par la persuasion n’est pas une sinécure, qu’il va falloir être compétent, accepté par ceux qui subiront volontairement et en conscience le pouvoir qu’ils auront confié et que l’on aura accepté.

Ce type de pouvoir, le seul acceptable, sera fatalement restreint à des activités regroupant des initiés, seuls à même de juger de la qualité du candidat au pouvoir et à consentir de le subir.

Il pourra s’agir d’un chef d’entreprise, d’un responsable sportif catégoriel, d’un chef de famille, en fait de toute personne à qui un groupe homogène transférera volontairement — puis maintiendra toujours aussi volontairement – le pouvoir dont ce groupe a besoin pour s’épanouir et s’organiser dans sa sphère de spécificité.

Le pouvoir par consentement est d’une telle difficulté que la majeure partie des organisations humaines attribue le pouvoir par la force. Y compris lorsqu’il s’agit d’en doter des organisations spécifiques et pourtant homogènes telles que des usines, un orchestre, une équipe de foot. Un règlement vient alors organiser et réguler la force, il sera appelé la règle ou la loi. En fait dès lors le consentement a disparu, la force s’impose, elle n’a pas toujours besoin de fusils. La sanction, la prison, voire la récompense peuvent les remplacer.

Inutile de dire qu’en ce qui concerne cette abstraction hétérogène que l’on appelle l’Etat, le pouvoir y est toujours imposé par la force, jamais par le consentement. Les diversités présentes dans cette configuration interdisent toute qualification spécifique des acteurs du pouvoir et toute compréhension ou appréciation technique par ceux qui vont devoir le subir.

Je ne suis pas certain de m’être expliqué clairement, le sujet est difficile, j’ai fait ce que j’ai pu. Un exemple aidera peut-être ma démonstration.

Le maire de votre ville, probablement enseignant par le passé ou autre genre d’activité de ce type, n’a aucune des compétences requises pour gérer votre ville, qui est une entreprise de plusieurs milliers de salariés aux activités toutes différentes. D’ailleurs avant son élection vous ne lui avez même pas posé la question de savoir s’il les avait, si ça se trouve vous n’avez même pas voté pour lui. Alors, donner votre consentement à son pouvoir….

Il utilisera donc la force, elle va même lui paraître naturelle, aller de droit avec son pouvoir.

Et, pire que tout, il va déléguer cette force à des spécialistes sectoriels, dont l’ensemble compose un truc que l’on appelle l’administration, dont il va rapidement devenir lui-même la marionnette du fait de ses incompétences techniques initiales rédhibitoires.

C’est le même fonctionnement pour le plus grand regroupement que l’on nomme Etat.

Comment le peuple d’un Etat — abstraction par définition hétérogène aux compétences informelles — pourrait-il imaginer qu’il serait, lui, en mesure d’exercer le pouvoir par consentement ? Il n’y pense même pas le peuple, même si dans un moment d’égarement il le dit — ou on le lui fait dire –.

Ceux qui prétendent le représenter, qui parlent en son nom, intègrent directement le fait qu’ils imposeront leur pouvoir – qualifié au passage de populaire — par la force et non par le consentement, même si cette force prétend se parer de l’équité imaginaire de la démocratie, du droit de la majorité, voire du référendum miracle.

C’est la question qui interpelle : comment le peuple peut-il imaginer, en admettant qu’il ait une existence, qu’il saurait instaurer puis gérer un pouvoir avec le consentement de tous ?

Il faut pour cela qu’il n’ait pas très bien diagnostiqué la maladie dont il souffre au point de crier son désespoir sur des ronds-points par grand froid.

Le peuple souffre d’un pouvoir imposé par la force, sans discernement, qui le ravage insidieusement en prétendant agir pour son bien.

Il ne peut pas simplement souhaiter prendre la maîtrise de ce pouvoir de la force, même s’il entrevoit à cette occasion la possibilité de faire souffrir à son tour ceux qu’il croit être les responsables de sa souffrance actuelle.

Notons aussi que le peuple se trompe dans ses accusations qui visent ceux à qui il a cru confier le pouvoir démocratiquement. Ce ne sont pas ceux qui ont reçu le pouvoir et l’exercent par la force, les politiques, qui contraignent la population jusqu’au point de rupture d’aujourd’hui. Ce sont les spécialistes administratifs à qui ceux-là ont dû confier leur pouvoir reçu,  n’ayant pas les compétences requises pour l’exercer directement.

C’est l’administration qui mine et tue à petit feu ce que l’on appelle le peuple des français, qui n’est que tous les français pris individuellement et réunis.

On trompe ce peuple en lui faisant croire qu’il saurait utiliser le pouvoir mieux qu’aujourd’hui alors que le pouvoir par consentement ne lui est techniquement pas accessible et que les pouvoirs exercés par la force possèdent tous les mêmes tares.

Le peuple de France n’a pas besoin de pouvoir, il a besoin de respect.

Ce n’est pas le même manque, mais les souffrances sont semblables.

Les Gilets jaunes doivent réfléchir à une organisation qui respecte le peuple de France, c’est-à-dire tous les français pris un par un.

De ce que l’on peut juger par ci par là, les échos ne vont pas dans ce sens. Pourtant au début l’explosion de souffrance a pu laisser imaginer qu’une prise de conscience suivrait et que la liberté et le respect des personnes seraient le socle des revendications. Visiblement ce n’est pas le cas.

Il est peut-être plus facile d’haïr son voisin que de le respecter, je ne sais pas. Quoiqu’il en soit, il me semble que la haine s’installe, monte en puissance, profite à l’administration qui n’envisage pas un seul instant de respecter les administrés.

C’est elle qui va gagner car que lui importe qui aura le pouvoir par la force puisque c’est elle qui l’exercera inévitablement.

La conquête du pouvoir au lieu de la conquête du respect sera le grand raté de cette révolution de Novembre.

L’homme peut se passer du pouvoir, pas du respect.

Bien à vous. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

4 réflexions sur « Le peuple n’a pas besoin de pouvoir mais de respect »

  1. Cher Henri, je crois qu’il faut aussi du courage car il faut plus de courage de dire ce que tu penses que de te taire. Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin=« Il n’y a pas le pouvoir , mais l’abus de pouvoir »

  2. comme dirait Mulder ” la vérité viens d’ailleurs ” et big Brother vous suis du coin de l’œil
    m’enfin … avec les LBD & prises de paroles, les medias et politiques ils sont en train d’essayer de nous les fermer !!
    et afin de rester binaire rappelez vous que tout unité est une combinaison de plusieurs éléments et afin de ne pas rester gogol .. “GOOGLE est votre ami”
    je vais en tant qu’illuminé.. (bravement ) illu-miner votre week end
    http://www.lepouvoirmondial.com/bienvenue.html
    https://www.syti.net/Organisations.html

    bonne lecture

  3. Je suis pleinement d accord avec votre raisonnement qui aboutit à la conclusion peuple franxais a surtout besoin qu on le respecte plus que du pouvoir.Il s est berné lui même.quelle tristesse mon Dieu.

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