L’ENA ou L’école des ânes par olivier cabanel

Cette école nationale est connue pour fournir au pays une bonne partie de ses élites politiques, ces mêmes élites à qui nous devons en grande partie le piètre résultat social et économique actuel.

On peut en effet légitimement s’interroger sur l’efficacité de la formation dispensée aux élèves de cette école prestigieuse lorsqu’on en voit les résultats sur le terrain.

Aujourd’hui, les membres de cette école contrôlent en grande partie, la vie politique et économique de la nation. lien

Au programme des sujets étudiés, on trouve entre autres la santé et la sécurité publique, les risques naturels, technologiques, urbains…lien

De Valery Giscard à Lionel Jospin, en passant par Michel Rocard, François Hollande, Edouard Balladur, Laurent Fabius, Ségolène Royal, Dominique de Villepin, Alain Juppé, Jacques Chirac, il est difficile de dénicher un ministre qui ne soit pas issu de cette institution. lien

Fondée le 9 octobre 1945, par une ordonnance du gouvernement provisoire de la République française, présidé alors par un certain Charles de Gaulle, ce même de Gaulle qui voulait, plusieurs années après, la dissoudre, elle a formé près de 6000 hauts fonctionnaires français, et c’est intéressant de tenter d’analyser les résultats obtenus par quelques uns d’entre eux.

Prenons par exemple Jean-Luc Haberer, énarque notoire, à la tête du Crédit Lyonnais, il est responsable d’un gâchis financier qui se montait à 15 milliards d’euros.

Le Crédit Lyonnais, avec ces 4 365 agences est l’une des banques les mieux implantées dans le Monde, et c’est Haberer qui l’a mené au bord de la faillite.

Plus étonnant, au lieu d’endosser la responsabilité du désastre, cet énarque a tenté de se faire passer pour une victime, se prétendant un « banquier de gauche », tentant de faire porter la responsabilité de son échec à « ses troupes qui n’étaient pas à la hauteur ». lien

Le 23 février 2005, il a été condamné à 18 mois de prison avec sursis, et 1 euro de dommages-intérêts, suite aux bilans bidon qu’il avait publié afin de masquer l’ampleur de la catastrophe financière. lien

Prenons un autre énarque, Jean Marie MessierJMM pour les intimes, qui à la tête de Vivendi a laissé une ardoise de 30 milliards d’euros (lien) alors que d’autres données, encore plus pessimistes poussent le bouchon plus loin en évoquant 72 milliards de perteslien

La longue liste des errements de JMM est sur ce lien.

Dans leur livre, « Qui a ruiné France Telecom ?  », jeanJérôme Bertolus, Jean-Michel Cedro et Thierry del Jesus (édition Hachette 2003), (lien) évoquent un autre énarque, Michel Bon.

À la tête de France télécom de 1995 à 2002, il à provoqué pour l’année 2001 une perte d’environ 8,5 milliards alors que le groupe revendiquait un bénéfice de 3,6 milliards lors de l’exercice précédent.

Finalement, il sera responsable d’une perte de 68 milliards d’euros, ce qui n’a pas empêché qu’il soit nommé officier de la Légion d’honneur.

Etrange école où l’on apprend entre autres à pratiquer la plus efficace langue de bois, à rester droit dans ses bottes, levant fièrement la tête, même lorsque la justice condamne pour escroquerie.

A preuve Loïc le Floc Prigent, un autre énarque, reconnu coupable de détournement de fonds.

PDG, de 1989 à 1993, du géant pétrolier français, il avait été reconnu coupable de détournement de plusieurs centaines de millions d’euros des caisses du groupe Elf et a été condamné à 5 ans de prison ferme, accompagné de 375 000 euros d’amende. lien

Il a mené son entreprise au bord de la faillite avec un trou de 5,3 milliards d’euros.

Certains évoquent aujourd’hui une « promotion Titanic » dans laquelle on ne trouverait que des champions en matière de perte

L’iFrap (institut français pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques) a publié la liste des énarques et des montants perdus : de Michel Albert, àBernard Attali, en passant par Alain Minc, Michel Gallot, et tant d’autres, l’ordre de grandeur des pertes, dettes ou transfert de charges à l’Etat a de quoi laisser sans voix les citoyens à qui on demande aujourd’hui de se serrer la ceinture. lien

N’est-il pas étonnant de découvrir par exemple que l’on donne encore aujourd’hui quelques crédits aux conseils prodigués par Jacques Attali, lui qui se voit reprocher des dépenses fastueuse, comme par exemple le coût de la construction du siège de la BERD (banque européenne pour la reconstruction et le développement) dont les dépassements de budget auraient été supérieurs à la totalité des prêts consentis par la BERD aux pays de l’EST ?

Intéressons nous à un autre cas, celui de Jean-Michel Bloch-Lainé, inspecteur des finances, qui fut président du conseil d’administration de la Banque Worms de 1984 à 1992.

Il a provoqué une perte de 2,29 milliards d’euros, et a finalement avoué «  je ne connaissais rien à la gestion d’une banque (…) je n’étais pas fait pour les affaires  », s’il faut en croire Ghislaine Ottenheimer, dans son livre « les intouchables ». lien

Et pourrait-on passer sous silence Jean-Claude Trichet, gouverneur de la Banque de Francede 1993 à 2003, qui d’après l’IFRAP responsable d’un gaspillage de 1,5 milliards d’euros par an ? lien

Quant à André Tarallo, le camarade de promotion de Jacques Chirac, surnommé « M.Afrique », il a été soupçonné de recel d’abus de biens sociaux pour un montant de près de 50 millions d’euros : il avait mis en place un système de prélèvement sur chaque baril de brut acheté par Elf, ce qui permettait à de jolis pactoles d’atterrir sur des comptes de sociétés offshore, généralement au Liechtenstein.

Il a finalement écopé de 7 ans de prison ferme, et de 2 millions d’euros d’amende.

Il n’a en fin de compte purgé qu’une peine de 2 mois de détention, et n’aurait rien payé de son amende, pour des raisons inconnues. lien

Pierre Blayau, était un énarque ingénieux.

Après St Gobain, il devient patron de La Redoute, puis PDG de Moulinex de 1996 à 2000.

Il pratiquait la technique des sociétés écran pour rémunérer les dirigeants.

Après le dépôt de bilan de Moulinex, et l’envoi au chômage de 3300 ouvriers, il a empoché un joli chèque de 2 millions d’euros pour « services rendus ».

Il a finalement été mis en examen en juillet 2004 au motif de «  banqueroute par emploi de moyens ruineux et banqueroute par détournement d’actifs  » lors de la faillite du groupe, mais il a pourtant été nommé chevalier de la Légion d’honneur, et officier de l’ordre national du Mérite. lien

La liste des énarques qui ont failli pourrait s’allonger encore, (lien) mais ne serait-il pas temps de changer la donne, et de mettre aux postes à responsabilité des femmes et des hommes qui fassent preuve de sagesse, qui aient une connaissance des difficultés de la vie de tous les jours, qui soient réellement experts dans quelques matières ?

Heureusement, depuis quelques années, on observe une tendance qui laisserait croire enfin que les énarques n’ont plus la même côte de confiance.

Alors qu’en 1995 ils représentaient 20% de l’effectif des grands patrons, ils ne sont plus que 10% en 2008, même s’ils dominent toujours les états major des plus grandes entreprises et en 2006 on comptait encore 13 énarques parmi les PDG, présidents du conseil de surveillance et présidents du directoire du CAC en 2006lien

La chaine Arte a produit une fiction sur le sujet, « l’école du pouvoir » réalisé par Raoul Peck, s’inspirant de la « promotion Voltaire » (1980) et il n’est pas difficile de reconnaitre sous les pseudos proposés, des personnalités comme De Villepin, Royal, ou Hollande, mais c’est l’avis d’un ancien de cette promo, tenant à rester anonyme, qui nous propose l’analyse la plus intéressante, regrettant que ce documentaire ait passé sous silence certains aspects de la formation des énarques, en évoquant « les humiliations permanentes du système, l’absence d’intérêt des matières étudiées, et surtout la distance entre ces jeunes brillants et les réalités de la société… ». lien

Un extrait du film est sur ce lien.

Depuis quelques temps, leur réputation a donc sérieusement pâli, considérés qu’ils sont « d’inadaptés à l’entreprise », « arrogants  », et ayant compris, comme l’assure Christine de Messe, secrétaire général de l’ENA entreprise, « qu’ils souffrent d’un véritable désamour dans l’entreprise, d’un problème d’image (…) on est passé de la révérence au discrédit  »(lien), et Jean-François Roquet, directeur général de « François Sanchez Consultant » de conclure : « non seulement ils ont un égo hypertrophié mais ils considèrent le secteur privé comme une roue de secours  ».

Comme disait André Santini, brûlant la politesse à mon vieil ami africain, au sujet des énarques : « ces hommes dédaigneux qui savent des choses inutiles »

sur le web:  https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/l-ecole-des-anes-131591

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3 réflexions sur « L’ENA ou L’école des ânes par olivier cabanel »

  1. a la Prévert , donc afin d’alimenter cette jolie prose !!

    – Les conneries c’est comme les impôts, on finit toujours par les payer.
    &
    – Le jour est proche où nous n’aurons plus que l’impôt sur les os.

    🙂

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