Macron, un président hors normes ? (suite mais pas fin)

Les faits et les évènements récents viennent de donner un prolongement utile à un article publié dans ces colonnes le 02 mars 2018 à propos des conditions dans lesquelles E Macron a pu réussir le tour de force d’être élu, à 40 ans, sans jamais avoir eu de mandat, président de la république.

L’ancienne chef du Parquet National Financier, Madame Eliane Houlette, ainsi qu’il est rapporté dans deux articles, ici et , vient de confirmer, dans le cadre d’une audition du 10 juin par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale consacrée à « l’indépendance du pouvoir judiciaire » qu’elle avait subi d’insistantes pressions de la part de sa hiérarchie et que les élections présidentielles de 2017 ont été effectivement faussées ; ce dont on se doutait tant les conditions de l’éviction de F Fillon apparaissaient trop coordonnées pour résulter uniquement du hasard ou de circonstances purement objectives !

Je ne prétends pas ici défendre F Fillon, mais il s’avère que la justice a bien été instrumentalisée au profit d’une caste qui avait décidé que le « bon candidat » pour la France était E Macron et mon confrère Régis de Castelnau donne d’utiles précisions circonstanciées à cet égard !

Cela démontre aussi que l’opinion publique est facilement manipulable lorsque l’on dispose de tous les moyens audiovisuels et de la presse pour faire passer un message …

Seulement, lorsqu’une caste au pouvoir s’associe à la presse écrite et audiovisuelle ainsi qu’à un certain nombre d’autres personnages publics, cela ne s’appelle pas de la démocratie ; cela s’appelle un complot !

Rappel de l’article du 02 mars 2018.

Emmanuel Macron a réussi une véritable performance en atteignant, à 40 ans et au premier essai, la magistrature suprême.

Inconnu ou presque des français, cet inspecteur des finances a conquis le pouvoir au nez à la barbe de toute la classe politique et la conquête du pouvoir est un art (si l’on peut dire) difficile semé d’embûches !

La question qui se pose est évidemment, au-delà de ce que tout un chacun a pu voir : comment a-t-il fait ?

Certains éléments sont relativement faciles à voir :

– Il a une intelligence largement supérieure à la moyenne ; et surtout à la moyenne des politiciens …

– ce n’était pas un homme d’appareil comme Chirac, Sarkozy ou Hollande, et sa jeunesse, son image de J F Kennedy, a joué face aux vieux routiers usés de la politique,

– son discours était différent et il a fait preuve d’une forme de volontarisme qui tranchait face aux discours idéologiques datés de la classe politique. Il proposait quelque chose de nouveau, de plus pragmatique ; beaucoup plus d’ailleurs dans la forme que sur le fond.

D’autres sont moins évidents ou plus subtiles :

– Il a correctement analysé la situation politique française et a compris qu’il pouvait exploiter la déliquescence des partis politiques traditionnels. Il a compris que le socialisme marxiste du PS était fini et qu’il allait entraîner dans sa chute ses représentants, que Hollande avait fait la preuve de sa totale incompétence et inaptitude à la fonction et qu’il fallait dépasser les clivages gauche/droite pour d’abord rassembler d’abord les politiciens en escomptant que les électeurs allaient suivre !

– Il a compris que Fillon était son principal concurrent et que si Fillon dégageait il était sûr de gagner car, au dernier moment, les français auraient peur de voter pour le national socialisme ou pour le parti communiste version Castro ou Maduro.

Et surtout :

– Il a su utiliser des réseaux car, là est la clé. C’est un homme de réseaux qui a pris contact avec les politiciens professionnels de droite et de gauche pour sonder leur aptitude à … changer d’avis. Il ne faut surtout pas croire que les frontières sont opaques – le monde la politique est celui du spectacle et du faux-semblant pour ne pas dire du faux jeton, de l’opportunisme et de la trahison.

Il s’est appuyé sur 4 axes :

I- Les intellectuels et bobos parisiens de gauche ( Laurent Bigorgne de l’Institut Montaigne, Thierry Pech de Terra Nova proche du PS, Jacques Attali, Erick Orsenna écrivain, Philippe Aghion professeur au Collège de France) ainsi que les réseaux du CAC 40 et des grandes entreprises françaises (Vincent Bolloré – Videndi, Patrick Drahi – SFR et BFMTV, Bernard Arnault – LVMH, Claude Bébéar et Henri de Castries – deux anciens Pdg d’Axa, Marc Simoncini – Meetic, Xavier Niel – Free, Pierre Gattaz président du Medef, Alexandre Bompard – Fnac-Darty), ce qui lui a permis de collecter des fonds pour financer sa campagne et de bénéficier d’appuis dans le microcosme des grandes entreprises du CAC 40 et des médias presque tous détenus par … ces mêmes patrons du CAC 40.

Clairement, le patronat du CAC 40 a voté Macron tandis que Fillon s’appuyait essentiellement sur l’appareil de son parti et ses militants !

De là à penser que les réseaux du grand patronat, souvent issu de l’ENA, ont propulsé Macron pour défendre leur vision de la politique française il n’y a qu’un pas ! D’ailleurs les sociétés du CAC s’accommodent très bien des relations avec l’administration dans le cadre d’un capitalisme de connivence fait de marchés et de contrats “arrangés”.

II- La presse, qui vote à gauche mais qui a senti que, ce coup ci, pour le PS c’était cuit, a préféré opter pour un ancien ministre de Hollande (les journalistes avaient voté à 75% pour Hollande en 2012) et n’a pas eu de mal à se convaincre qu’il fallait tout faire pour éliminer Fillon.

Les médias ont eux aussi clairement voté Macron !

II- des réseaux patronaux, journalistiques et politiques qui se sont chargés de trouver les points faibles de ses adversaires et Fillon avait des points faibles dont certains étaient connus du microcosme (Penelope gate) tout comme Marine Le Pen ! La presse s’est chargée du reste car le feuilletonnage qui s’en est suivi n’a rien dû au hasard !

La personnalité moins ouverte et moins malléable de Fillon n’avait pas recueilli l’adoubement parisien … il devait donc être éliminé. Et lors du débat du deuxième tour, face à Marine Le Pen, l’évidence est apparue qu’elle n’avait pas le niveau ….

A partir de là, l’affaire était pliée !

IV- Il a su utiliser un système de communication très élaboré qui devait convaincre les français et leur faire croire qu’il n’était ni de droite ni de gauche, mais rassembleur des deux tendances, ce qui permettait finalement aux français de ne pas choisir …

Il apparaît clairement aujourd’hui que Macron était le candidat de l’establishment et les politiciens ont suivi ; tant du côté socialiste car ils ont vu que le PS allait s’écrouler (et il s’est écroulé) que du côté Fillon dont les casseroles avaient complètement coulé la crédibilité !

En fait, Macron et ses mentors savaient que quantité de politiciens sans conviction étaient prêts à quitter le navire pour conserver leurs prébendes. Il a donc essentiellement su profiter d’une situation en pleine déliquescence et a exploité l’opportunisme de politiciens sans convictions rapidement convaincus par les réseaux et … il a effectivement embarqué avec lui les rats qui ont quitté le navire dans une manœuvre de sauve-qui-peut général !

Ces « petits mouvements » de politiciens cherchant à se replacer dans le jeu politique ont d’ailleurs grandement déstabilisé les partis traditionnels et ont permis à Macron de bénéficier d’une absence d’opposition ni à droite ni à gauche ; ce qui tend à légitimer rétrospectivement sa position initiale et son action.

Finalement, Macron est un homme de réseaux, un opportuniste qui fait partie d’une caste et il n’est que l’émanation de cette caste et de ces réseaux qui l’ont propulsé car, quelles que soient ses qualités, il ne s’est pas fait tout seul !

La haute administration, les médias et les milieux patronaux du CAC 40 avaient clairement choisi leur candidat bien qu’affirmer que les français se sont faits bernés par le système sera considéré sans doute comme abusif.

Et pourtant je pense qu’on n’est pas loin de vérité.

Bien cordialement à tous.

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

10 réflexions sur « Macron, un président hors normes ? (suite mais pas fin) »

  1. A mon avis, ce qui a fait se liguer les journalistes contre FILLON et aussi contre SARKOZY, c’est qu’ils ne leur ont pas pardonné de leur avoir supprimé leurs avantages fiscaux et sociaux injustifiés (abattement de 50 000 euros sur leurs revenus, paiement des cotisations sociales sur 75 % de leurs salaires, garantie de salaire de 3 ans en cas de licenciement ou de longue maladie, …) et qu’ils voulaient éviter le risque de voir à nouveau appliquer ces mesures défavorables à leurs intérêts.

    1. Vous pouvez ajouter que les journalistes de “goche – bobo” ne voulaient pas d’un programme libéral qui aurait pu remettre en cause le mode de fonctionnement d’un secteur d’activité lourdement subventionné et qui vit largement de l’argent gratuit des autres.

      Accessoirement, Fillon ne faisait pas partie du sérail de la HFP (haute fonction publique). Il n’est pas énarque et cela devient rédhibitoire dans notre système totalement phagocyté par cette caste.

  2. Le problème avec la démocratie, c’est que les imbéciles ont le droit de vote. Le problème avec l’oligarchie, c’est que les imbéciles n’ont pas le droit de vote.

    Actuellement on nous fait le coup des 150 citoyens qui ont planché (remarquez bien le terme maçonnique utilisée par la presse) pour sauver le climat avec comme conclusion entre autres : l’obligation pour les propriétaires d’isoler encore et encore leur logement.

    Les journalistes sont une fois de plus à la manoeuvre avec les grandes sociétés du BTP : Saint Gobain (fabriquant notoire d’isolants), Bouygues et consorts. On comprend mieux la verdisation de la BCE par C. Lagarde.

    Relancer l’économie en calorifugeant les logements avec des produits pour la plupart hautement inflammables (coton, paille de bois et autres) ou dont la consumation engendre des fumées toxiques (polystyrène, polyuréthane), guère mieux que la solution amiante – Eternit proposée par le passé.

    Constatez à ce sujet l’incendie de la tour Grenfell :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Incendie_de_la_tour_Grenfell

    Et mis à part çà : quid de la vente forcée, du respect de la propriété privée ??? Nos 150 couillons n’ont pas été interrogés à ce sujet.

    Mais peu importe le respect du citoyen et de sa propriété privée, l’opération sera tout bénéfice :

    1) pour l’état avec des rentrées de TVA,
    2) les fonctionnaires qui pourront s’en donner à coeur joie avec des formulaires et des réglementations de contrôle technique des bâtiments,
    3) les banques qui pourront vendre des emprunts,
    4) l’ensemble du BTP : du gagne misère tel que le maçon, le couvreur ou le poseur de fenêtres en PVC, en passant par l’architecte, l’entrepreneur individuel, l’agent immobilier (déjà très satisfait de la paperasse engendrée par les lois ALUR et ELAN qui justifient son inutilité), et surtout de tous les vautours issus du microcosme des fameuses grandes écoles parisiennes squattant les conseils d’administrations des sociétés du CAC 40 et qui s’octroieront la part du lion (rassure-toi Ernest Antoine je ne citerai pas de noms).
    5) nos chers élus corrompus de l’assemblée nationale qui ne manquent jamais l’occasion de se faire rétribuer par quelque commission occulte pour leurs belles lois.

    Isoler davantage alors que la planète se réchauffe, c’est comme enfiler un pull supplémentaire à la fin de l’hiver en prévision du printemps.

    Possesseurs d’appartements, de maisons mal isolées, n’oubliez de réclamer auprès de l’administration fiscale une baisse de la valeur locative de votre logement.

  3. “L’ancienne chef du Parquet National Financier, Madame Eliane Houlette,…” j’avoue être sur ma faim, car j’escomptais en apprendre plus sur les origines des “pressions”, peut-être plus tard.

    1. Oui sans doute plus tard,

      Néanmoins, quand on connait le comportement très “feutré” des hauts magistrats (surtout pas de vagues) il s’agit d’un véritable aveu surtout qu’on a assisté ensuite à une tentative d’édulcoration/retractation des déclarations.

      Les pressions émanaient de la hiérarchie qui elle-même est en rapport avec l’Elysée.

    2. Pas compliqué : un coup de fil du château rappelant qu’un fonctionnaire doit obéir aux ordres de sa hiérarchie. Et c’est dans la boîte.

      Il en sera de même avec les plaintes contre les ministres : un coup de fil et elles seront toutes déboutées.

      Pas belle la vie en république fromagère du Macronistan ?

  4. Certes, tout ce qui est écrit dans votre article me paraît juste, cependant Macron s’est engagé en politique avec les vieux socialistes, ministre de l’économie de Hollande, quand à Fillon même si les calculs politiques faisaient de lui le vainqueur, il est de la même caste que Macron et les parisiens, Au 2ème tour, pour le changement, tout au moins de discours, ce n’était pas Macron ni blanc ni abstention qu’il fallait voter. Lorsqu’on a un clou à enfoncer et que nous n’avons pas de marteau, il faut prendre la serpe et l’occasion ne se présente pas souvent.

  5. La France n’est plus capable de faire régner la justice, l’injustice est devenue un métier. Je vous prie donc de lire la supplique MAJ en deux volets que j’aie adressée « Monsieur Le PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, accordez moi une audience » = Vous pouvez voir à l’adresse suivante sur MEDIAPART :
    https://blogs.mediapart.fr/edition/critique-raisonnee-des-institutions-judiciaires/article/030419/monsieur-le-president-de-la-republique-emmanuel-macr

    RAPPEL = Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin et Si vous ne pouvez pas éliminer l’injustice, au moins racontez-la à tous disait Mr Ali Shariati, sociologue iranien (1933-1977). » C’est donc ce que je fais !

  6. « Il y a deux histoires en France, l’une que l’on enseigne dans les médias et qui ment, l’autre que l’on tait parce qu’elle recèle l’inavouable ». Certains ne veulent pas lire et entendre la vérité par ce qu’ils ne veulent pas que leurs illusions se détruisent.
    Pour les mensonges il faut de la mémoire pour la vérité il faut du « COURAGE » !
    « La justice en FRANCE pour votre curiosité un peu d’histoire mais pas seulement » cliquez pour lire la suite : https://developpement-mental-semantique.com/rappel-historique-de-la-justice-en-france/

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